Au lendemain de la cérémonie d’investiture du 20 janvier 2025, Donald Trump doit signer la fin du moratoire sur les projets d’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) décrété fin janvier 2024 par Joe Biden. Plus qu’un acte symbolique. Le président sortant voulait évaluer les retombées de cette activité sur l’environnement ? Son successeur n’en a cure et chantonne « drill, baby, drill » (« fore, bébé, fore »). Non content de déréguler l’industrie pétrolière jusque dans les terres fédérales de l’Alaska et les profondeurs marines, il a promis de tirer un trait sur les règles encadrant la production de gaz – même défendues par des patrons du Big Oil comme Darren Woods (ExxonMobil) ou Patrick Pouyanné (TotalEnergies).

Y aura-t-il du gaz dans les relations américano-européennes après le retour à la Maison Blanche d’un homme qui prône l’« energy dominance » de son pays ? Une éternité s’est écoulée depuis ce jour d’avril 2016 où la première cargaison américaine a été livrée au terminal portugais de Sines. Entre-temps, les Etats-Unis sont devenus le premier exportateur mondial de GNL, en grande partie vers le Vieux Continent. Sur un marché de l’énergie bouleversé par la guerre en Ukraine, ils ont compensé la perte de l’« or bleu » de Sibérie, avec la Norvège et le Qatar.

Désormais, les méthaniers chargés au Texas et en Louisiane assurent près de la moitié des importations de gaz liquéfié de l’Union européenne (UE), contre 20 % avant la guerre en Ukraine. D’une dépendance l’autre ? De Vladimir Poutine à Donald Trump ? Les Européens s’étaient précipité dans les bras du dictateur russe. Angela Merkel en tête, après avoir eu la mauvaise idée de sortir l’Allemagne du nucléaire entre 2011 et 2022, piégeant son industrie dans une dangereuse dépendance à Gazprom, comme le décrypte en détail notre consœur du Monde Sylvie Kauffmann dans Les Aveuglés (Stock, 2023, Folio actuel, 2024).

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Le président américain aura beau jeu de rappeler ses mises en garde, quand il affirmait en 2019 que « l’Allemagne [était] totalement contrôlée par la Russie » par le gazoduc Nord Stream 2 reliant les deux pays en passant sous la Baltique. Berlin ne s’était réveillé que la veille de l’invasion de l’Ukraine. Et Bruxelles un mois après, en concluant avec Washington un accord – plus politique que commercial – pour porter les livraisons américaines à 50 milliards de mètres cubes par an en 2030, le tiers des volumes russes d’avant-guerre. Deux ans et demi plus tard, 16 % de ses importations viennent encore de l’Arctique russe.

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