
Dix personnes qui se trouvaient à bord d’un navire marchand qui a coulé après avoir été attaqué, lundi, en mer Rouge au large du Yémen, ont été secourus, a annoncé jeudi 10 juillet la la mission européenne « Aspides », déployée dans la zone. Trois membres d’équipage ont été tués dans l’attaque, avait signalé mardi à l’Agence France-Presse (AFP) la mission, faisant également état d’« au moins deux blessés, dont un électricien russe, qui a perdu une jambe ».
Trois membres d’équipage philippins et un membre grec de l’équipe de sécurité à bord de l’Eternity C ont été récupérés en mer dans la nuit, « portant le nombre total de personnes secourues à dix », a précisé la mission navale de l’Union européenne sur le réseau social X.
Les recherches se poursuivent pour retrouver plus d’une dizaine d’autres marins. L’Eternity-C, un vraquier battant pavillon libérien, a été considérablement endommagé par l’attaque menée par des assaillants non identifiés en mer Rouge, qui a commencé lundi et s’est poursuivie mardi. Au total, 25 personnes se trouvaient à bord.
L’ambassade des Etats-Unis au Yémen, basée à Riyad, a accusé mercredi les houthistes d’avoir enlevé des membres d’équipage. « Après avoir tué leurs coéquipiers et coulé leur navire, les terroristes houthistes ont enlevé de nombreux survivants de l’équipage de l’Eternity-C », a déclaré sur X l’ambassade, appelant à leur « libération immédiate et inconditionnelle ».
Cette attaque, l’une des plus meurtrières menées par les Houthis contre la marine marchande, marque une escalade dans cette zone maritime essentielle pour le commerce mondial, menaçant une trêve conclue en mai avec les Etats-Unis censée préserver la liberté de navigation.
Un accord de cessez-le-feu avec Washington
Les houthistes ont revendiqué mercredi l’attaque, tout comme ils avaient revendiqué celle ayant visé dimanche un autre cargo, le Magic-Seas, qui a coulé et dont l’équipage a pu être secouru. « La force navale des forces armées yéménites a visé le navire (Eternity-C) », a déclaré leur porte-parole militaire, Yahya Saree, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens de Gaza et précisant que le navire se dirigeait vers Eilat, en Israël.
Yahya Saree a mis en garde « toutes les entreprises traitant avec les ports de la Palestine occupée », affirmant que « leurs navires et équipages ser[aient] pris pour cible », pour « contraindre l’ennemi sioniste [Israël] » à « mettre fin à la guerre en cours » à Gaza.
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Dans un communiqué publié mardi avant cette revendication, l’ambassade des Etats-Unis au Yémen avait accusé les rebelles pro-iraniens d’avoir commis l’attaque de l’Eternity-C, la qualifiant de la « plus violente » menée à ce jour et leur imputant de « porter atteinte à la liberté de navigation en mer Rouge », en dépit d’un accord de cessez-le-feu avec Washington qui avait mis fin, en mai, à des semaines de bombardements américains. La société de sécurité britannique Ambrey a également estimé que les houthistes étaient probablement responsables.
La zone voit transiter 12 % du commerce mondial
Ambrey a précisé à l’AFP que l’Eternity-C avait coulé au large du port yéménite de Hodeïda, contrôlé par les houthistes. Les attaques houthistes au large du Yémen ont contraint de nombreux armateurs à éviter la zone, le golfe d’Aden, par lequel transite 12 % du commerce mondial, d’après la Chambre internationale de la marine marchande.
« Nous constatons désormais avec une grande inquiétude une escalade en mer Rouge avec des attaques contre deux navires marchands plus tôt cette semaine par Ansar Allah [nom officiel des houthistes] », « les premières attaques contre des navires marchands en plus de sept mois », a déclaré l’émissaire de l’ONU pour le Yémen, Hans Grundberg lors d’une réunion du Conseil de sécurité. « La liberté de navigation en mer Rouge doit être garantie », a-t-il insisté.
« Surtout, le Yémen ne peut pas être entraîné encore plus dans une crise régionale qui menace de saper la situation déjà extrêmement fragile dans le pays. Les enjeux pour le Yémen sont trop importants », a ajouté M. Grundberg.
En mai, les rebelles, qui contrôlent la capitale, Sanaa, et de larges pans du Yémen, avaient averti qu’ils continueraient à cibler les navires israéliens ou liés à Israël, malgré la trêve avec les Etats-Unis. En représailles aux attaques houthistes, Israël a bombardé plusieurs sites des rebelles au Yémen, notamment Hodeïda et ses environs, ciblés de nouveau dimanche et lundi avant l’aube. Lundi, les houthistes ont déclaré avoir riposté par des tirs de missiles en direction d’Israël. L’armée israélienne a dit avoir détecté deux missiles tirés du Yémen.
Depuis la fin de 2023, les houthistes ont attaqué des dizaines de navires qu’ils estiment liés à Israël, puis des bateaux américains, affirmant agir par solidarité avec les Palestiniens de Gaza.