Yohji Yamamoto ne déçoit pas. Il est là, fidèle à la silhouette qui vient saluer à la fin de ses défilés, habillé de noir de la tête aux pieds : chapeau de feutre aux bords élimés, chemise sombre aux manches retroussées et petit veston boutonné. Installé dans un vieux fauteuil club au cuir patiné, il scrute attentivement le regard de son interlocutrice. Puis invite à s’asseoir. « Il est fatigué », nous a prévenu son équipe.

Entre le décalage horaire, ses 81 ans et la préparation de son show qui s’est tenu l’avant-veille, lors de la fashion week homme de Paris, le 26 juin, il ne faut pas le « contrarier » ni le « brusquer ». Il parle calmement, doucement, et prend le temps de formuler, en anglais, ce qu’il a à dire. Lorsqu’il ne souhaite pas répondre à une question, il déclare poliment n’avoir « aucun souvenir » – l’air étonné, mais avec une pointe de malice dans le regard.

Son bureau parisien ressemble à un refuge sous les toits, suspendu comme un nid au-dessus de la nef de pierre d’un ancien entrepôt de la rue Saint-Martin, l’une des plus anciennes artères de la capitale, traversant les 3e et 4e arrondissements. Les poutres en bois sont marquées par le temps, les vasistas laissent passer la lumière perçante de cette matinée estivale. Un ventilateur soulève légèrement ses cheveux poivre et sel. Un cappuccino fume à sa droite. A sa gauche, son cendrier en métal qui le suit de pièce en pièce. L’homme fume depuis ses 16 ans, toujours prêt à dégainer son paquet de Hi-Lite.

Le rituel de Paris

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