- Les deux alliés ont entamé ce matin de grands exercices militaires conjoints qui inquiètent les pays de l’Otan.
- Organisée tous les quatre ans, l’opération Zapad-2025 doit durer 5 jours.
- Ces manœuvres viseraient à simuler l’occupation du corridor de Suwalki, le long de la frontière entre la Pologne et la Lituanie avec l’enclave russe de Kaliningrad.
Un déploiement de force qui inquiète. La Russie et son fidèle allié biélorusse ont débuté, vendredi 12 septembre, leurs grands exercices conjoints Zapad-2025. Des opérations qui se déroulent dans un contexte particulier, quelques jours après l’intrusion sans précédent de drones présumés russes sur le territoire polonais et alors que l’armée du Kremlin progresse sur le front ukrainien et intensifie ses attaques aériennes sur son voisin.
Les premiers depuis le début de la guerre
Les exercices Zapad – qui signifie « Ouest », en référence au fait qu’ils se déroulent dans l’ouest de l’alliance russo-biélorusse – sont organisés tous les quatre ans par la Russie et la Biélorussie depuis 2009. La dernière édition s’était tenue en septembre 2021, à peine quelques mois avant l’invasion de l’Ukraine, et avait mobilisé près de 200.000 soldats. Les exercices de cette année sont donc les premiers depuis le début de la guerre, lancée par le Kremlin en février 2022. Le nombre de participants devrait être plus réduit, en raison du déploiement de dizaines de milliers de troupes sur le territoire ukrainien.
La Biélorussie avait affirmé en janvier que 13.000 soldats issus de ses rangs participeraient aux exercices, mais a indiqué en mai que ce nombre serait réduit de moitié. Les manœuvres, elles, se tiennent près d’une ville située à l’est de Minsk, la capitale de la Biélorussie, selon les autorités du pays.
Selon Donald Tusk, Premier ministre polonais, elles visent à simuler l’occupation du corridor de Suwalki, qui s’étend le long de la frontière entre la Pologne et la Lituanie avec l’enclave russe de Kaliningrad à l’ouest et la Biélorussie à l’est. Ce corridor est souvent considéré comme un point faible de l’Otan qui pourrait être la première cible d’une hypothétique attaque russe. Cette crainte est une « absurdité totale »
, a balayé le président biélorusse Alexandre Loukachenko.
« Réduire les tensions »
Pour cette année, le ministre biélorusse de la Défense a récemment affirmé à un média d’État que les exercices Zapad avaient été éloignés des frontières de la Pologne et de l’Ukraine pour « réduire les tensions ».
Il faut dire que Minsk tente de concilier sa grande proximité avec la Russie, dont il est très dépendant, avec une volonté d’améliorer son image auprès des pays occidentaux. Toutefois, selon la Biélorussie, les manœuvres de ce week-end vont impliquer les missiles hypersoniques à capacité nucléaire Orechnik, développés par la Russie et devant être déployés sur son territoire.
Pour Alexandre Khramtchikhine, analyste militaire basé à Moscou, ces exercices Zapad sont un « simple spectacle »
sans réelle signification. Mais Vassili Kachine, analyste au Conseil russe des affaires internationales, lié au Kremlin, estime que les manœuvres sont « à la fois une démonstration et un véritable entraînement au combat »
. « Nous devons être prêts à défendre la Biélorussie si nécessaire »
, a-t-il commenté auprès de l’AFP.
Autant d’éléments qui inquiètent la Pologne, la Lituanie, la Lettonie, membres de l’Otan et voisins de la Biélorussie. Les trois pays ont renforcé leur sécurité et restreint le trafic aérien dans certaines zones, Varsovie ordonnant en outre la fermeture complète de sa frontière avec la Biélorussie pendant les manœuvres. Le Kremlin, lui, a voulu rassurer, son porte-parole Dmitri Peskov assurant qu’il s’agit d’« exercices planifiés, (qui) ne visent personne »
.
En réponse, la Pologne et ses alliés ont toutefois annoncé la tenue courant septembre de leurs propres exercices. Pour Vassili Kachine, l’organisation au même moment d’exercices militaires rivaux par la Russie et des pays membres de l’Otan est appelée à perdurer. « Comme cela était le cas du temps de la Guerre froide »,
a-t-il noté.