L’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine, à son domicile parisien, le 18 octobre 2012.

Ziad Takieddine, homme d’affaires franco-libanais, impliqué notamment dans l’affaire du financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, est mort mardi 23 septembre à Beyrouth à l’âge de 75 ans, a annoncé son avocate, Me Elise Arfi, auprès du Monde et de l’Agence France-Presse. MAJ

Âgé de 75 ans, cet homme connu pour ses déclarations fluctuantes avait mis en cause à de multiples reprises l’ancien chef de l’Etat pour avoir reçu des financements de la part du défunt dictateur libyen Mouammar Kadhafi et de ses lieutenants. Nicolas Sarkozy avait en retour dénoncé les propos de ce « grand manipulateur ». L’intermédiaire était visé par un mandat d’arrêt dans ce dossier dans lequel le tribunal correctionnel de Paris doit rendre jeudi son jugement.

Ziad Takieddine avait déjà été condamné mi-2020 à cinq ans de prison ferme dans le volet financier de la tentaculaire affaire Karachi, un système de commissions occultes sur des contrats d’armement français avec l’Arabie saoudite et le Pakistan. La décision a été confirmée en appel début 2025.

Il avait fui au Liban – pays qui n’extrade pas ses ressortissants – quelques jours avant le jugement de première instance. Dès mai 2012, Ziad Takieddine assurait à la presse que le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy par la Libye était « la vérité ». Fin 2016, il avait évoqué à Mediapart des valises d’argent et cinq millions d’euros remis en 2006 et 2007 à M. Sarkozy, alors ministre de l’intérieur et à son directeur de cabinet Claude Guéant. Il avait ensuite confirmé à plusieurs reprises ces propos devant le juge d’instruction.

Qualifié de « menteur »

Coup de théâtre fin 2020 : le septuagénaire avait déclaré à BFMTV et Paris-Match que l’ancien président n’avait pas bénéficié de ces financements. Des propos « déformés », corrigeait deux mois plus tard Ziad Takieddine, une volte-face temporaire analysée depuis par la justice comme une possible subornation de témoin et qui vaut une mise en examen à plusieurs personnalités, dont Nicolas Sarkozy, son épouse Carla Bruni-Sarkozy ou la figure de la presse people, Mimi Marchand. Au cours du procès en janvier 2025, et en son absence, ses coprévenus avaient alors accablé sans retenue ce « menteur » qui ne travaillait que dans son propre « intérêt ».

Né le 14 juin 1950 dans une grande famille de Druzes libanais, il a longtemps travaillé dans la publicité, avant de quitter son pays déchiré par la guerre civile. Dans les années 1980, il dirige la station de montagne Isola 2000 (Alpes-Maritimes), et noue progressivement des liens avec de nombreux hauts responsables de droite.

Grâce à ses connaissances et à son entregent, il s’immisce dans la négociation de contrats de défense au cœur de l’affaire Karachi. Il mène alors grand train et couvre de cadeaux ses relations politiques. Mais son influence va ensuite décliner, entre un divorce difficile avec son épouse, la concurrence de son ennemi juré, l’homme d’affaires Alexandre Djouhri, venu des réseaux liés à Jacques Chirac et le début de ses ennuis judiciaires.

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Le Monde avec AFP

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