« Négresse blanche » (1923), de Constantin Brancusi.

On gardait un si bon souvenir de la première rétrospective de Constantin Brancusi (1876-1957) organisée par la conservatrice Margit Rowell au Centre Pompidou, à Paris, en 1995, qu’on appréhendait un peu celle qui s’y est ouverte mercredi 27 mars. Qu’allait-elle apporter ? Eh bien, des œuvres en plus grand nombre, mais avant tout un recours massif aux archives de l’artiste, qui étaient à l’époque inaccessibles, et aussi, une forme de magie. Ou plutôt, grâce auxdites archives, le dévoilement – partiel – des trucs et astuces du magicien Brancusi, ce qui ne fait toutefois rien perdre à l’émerveillement provoqué par ses tours.

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Ariane Coulondre, la commissaire générale de la présente exposition, et son scénographe Pascal Rodriguez ont aussi respecté l’idée, alors révolutionnaire, de Margit Rowell et de l’architecte Lorenzo Piqueras consistant à poser la plupart des œuvres sur des estrades très basses et approximativement circulaires, qui protègent les sculptures des visiteurs – car grande est la tentation de les caresser ! –, sans gâcher la vision et en permettant d’en faire le tour. En revanche, ils ont préféré un accrochage thématique à celui chronologique retenu autrefois.

Admettons-le, cela ne nuit pas à la compréhension du travail. D’autant que cela permet des moments assez spectaculaires dans le parcours comme, par exemple, dès la première salle, une immersion dans une blancheur absolue, celle des murs mais aussi celle de trois plâtres monumentaux du Coq (1935), hommage de la conservatrice au témoignage de Man Ray (1890-1976), qui, après une première visite à l’atelier de Brancusi – il est en partie reconstitué dans l’exposition –, s’était dit « sidéré par la blancheur et la clarté de la pièce ». Autre moment fort, la présentation, le long des vitres du pignon nord du Centre Pompidou, d’un ensemble de différentes versions de L’Oiseau dans l’espace qui se détachent ainsi sur le ciel de Paris.

Le défi consistait aussi à caser environ 140 sculptures. Elles sont pour beaucoup – pas toutes, il y a quelques très beaux prêts dans l’exposition – venues de l’atelier de Brancusi reconstitué sur le parvis de Beaubourg, mais fermé à l’occasion des travaux qui seront entrepris à partir de 2025. Et aussi leurs socles (une centaine subsistent) conçus par l’artiste, à peu près 200 dessins ou photographies, des films, des documents (les fameuses archives) et même des pochettes de disques, car Brancusi était un grand mélomane, sans compter une hélice d’avion en bois ou des « rotatives » ou « rotoreliefs » de Marcel Duchamp, ce dernier ayant fait remarquer à Brancusi, lors d’une visite au Salon de l’air au Grand Palais, en 1912 : « Qui fera mieux que cette hélice ? Dis, tu peux faire ça ? »

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