La SNCF incite ses contrôleurs à verbaliser les contrevenants.
Les agents reçoivent ainsi une commission pour chaque amende qu’ils appliquent.
On vous explique ce mécanisme.

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Le 20h

50 euros pour n’avoir pas validé son ticket, 60 euros pour avoir mis ses pieds sur les sièges… Les motifs pour des amendes appliquées par la SNCF ne manquent pas et les témoignages des usagers désabusés abondent, que ce soit sur les réseaux sociaux ou à l’entrée des gares. Et certaines de ces amendes peuvent être liées à un système incitatif mis en place par la compagnie ferroviaire.

Chasser la moindre infraction

« Il y a une indemnité de recouvrement forfaitaire pour le contrôleur de 4 à 10% », reconnait Franck, délégué ferroviaire de l’UNSA, dans le reportage en tête de cet article. En clair, les contrôleurs touchent une commission pour les montants de chaque amende. Pour un trajet Paris-Bordeaux par exemple, si un voyageur monte dans le train sans billet et se signale auprès du contrôleur, il devra payer le billet au prix fort, soit un montant de 140 euros. Le contrôleur touchera alors 4% du montant, soit dans ce cas, 5,60 euros. Mais si c’est le contrôleur qui découvre l’infraction pour ce même trajet, le voyageur devra payer 50 euros d’amende en plus du nouveau billet. Sur un montant de 190 euros, 10% reviendra au contrôleur, soit 19 euros.

À la fin du mois, les commissions permettent ainsi aux contrôleurs de toucher « de l’ordre d’un plein d’essence à un panier de courses », selon le délégué ferroviaire de l’UNSA. « Tout dépend du service dans lequel on est », ajoute-t-il, estimant le montant à un peu moins d’une centaine d’euros. Mais ce système incite malgré tout les contrôleurs à chasser la moindre infraction. 

Ce système est d’autant plus fort dans les Transiliens, en Ile-de-France, où la fraude est plus importante, selon un contrôleur qui a choisi de témoigner anonymement. « On est objectivés sur des journées travaillées, sur un chiffre d’affaires à réaliser. Mais le chiffre d’affaires, c’est juste une information qu’il faut entendre. Ça peut aller de 140 euros, chiffre journalier, à 240 euros », assure-t-il.

De son côté, la SNCF assume pleinement ces incitations à contrôler. « Ces opérations de contrôle nous permettent de lutter contre la fraude. 200 millions d’euros tous les ans sont perdus dans l’entreprise. C’est 25 trains neufs que l’entreprise ne peut pas acheter à cause des fraudeurs », met en avant Christophe Fanichet, directeur général de SNCF Voyageurs. Autre moyen pour lutter contre la fraude, l’installation de portiques à l’entrée des quais. Cela aurait permis de diminuer le nombre de verbalisations dans les TGV à 4 pour 1000 voyageurs. Soit deux fois moins qu’avant le déploiement de ce dispositif. 


La rédaction de TF1info | Reportage : Léa Deschateaux, Florence Couturon, Tristan Vartanian

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