Le tarmac de l’aéroport d’Orly, avec sa tour de contrôle, le 26 juin 2020.

En raison d’une grève attendue des contrôleurs aériens, les compagnies vont devoir annuler jeudi 25 avril 75 % des vols à l’aéroport parisien d’Orly et 65 % à Paris-Roissy ainsi qu’à Marseille, a annoncé la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) lors d’une visioconférence avec elles, mardi soir. La DGAC leur demande également d’annuler 60 % des vols à Toulouse et Nice, et 50 % pour les autres aéroports.

Quelques heures plus tôt mardi, le président de la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (FNAM), Pascal de Izaguirre, avait prévenu que ce mouvement de grève des contrôleurs aériens sera « très fortement suivi ». L’ensemble des syndicats ont en effet appelé à une grève des aiguilleurs du ciel, après l’échec de négociations sur les mesures d’accompagnement d’une refonte du contrôle aérien.

Dans la même journée, le Syndicat national des contrôleurs du trafic aérien (SNCTA), premier syndicat des aiguilleurs du ciel, a annoncé déposer un nouveau préavis de grève pour le pont de l’Ascension (jeudi 9, vendredi 10 et samedi 11 mai). Le syndicat a déploré, dans un communiqué, l’échec de la conciliation « notamment sur la question de l’accompagnement social » et donne à nouveau quinze jours aux pouvoirs publics pour « s’inscrire dans la recherche de solutions ».

Le deuxième syndicat des contrôleurs aériens, l’Unsa ICNA, qui appelle également à la grève jeudi, a de son côté déposé un nouveau préavis courant sur l’ensemble du mois de juin.

Hausses des salaires

M. de Izaguirre a dénoncé l’argumentaire du SNCTA, qui réclame des hausses de salaires qu’il estime sans impact pour le contribuable français puisque le budget de la DGAC est abondé par les redevances acquittées par les compagnies aériennes. Ce coût supplémentaire « serait répercuté in fine sur le passager », a expliqué M. de Izaguirre, qui est également PDG de Corsair. Sans compter que cela constituerait « un élément supplémentaire de dégradation de notre compétitivité » car ce coût est « supporté majoritairement par les compagnies françaises », a avancé le dirigeant.

La FNAM s’inquiète de la dégradation de la compétitivité française, dont les compagnies perdent des parts de marché chaque année au profit des compagnies turques ou du golfe. D’après M. Izaguirre, la France bat le record des grèves du contrôle aérien avec un impact sur les finances du secteur aérien européen de 800 millions d’euros pour la période 2018-2022, dont 624 millions pour la France seulement.

A titre de comparaison, à la deuxième place de ce classement on retrouve l’Italie, où les grèves ont représenté un manque à gagner de 147 millions d’euros sur la même période, puis la Grèce, avec 22 millions d’euros, toujours selon les chiffres avancés par la FNAM.

En septembre 2023, le SNCTA et l’UNSA-ICNA, deuxième syndicat chez les aiguilleurs du ciel, avaient décrété une trêve olympique, promettant de ne pas faire grève pour des raisons salariales d’ici à la fin des Jeux olympiques (26 juillet au 11 août) et paralympiques (28 août au 8 septembre). « On découvre qu’elle n’était que partielle », a ironisé Pascal de Izaguirre, confiant tout même ne pas être inquiet pour la période de compétition elle-même. Le secteur s’attend d’ailleurs à un été « dynamique ». Sur les trois premiers mois de l’année, le trafic aérien de, vers et en France a atteint 96 % de celui de 2019 à la même période.

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Le Monde avec AFP

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