Les maires de plusieurs villes de province ont exprimé leur colère.
Ils dénoncent les transferts incessants de migrants dans leurs communes.
S’agit-il de les éloigner de Paris en vue des Jeux olympiques débutant dans quatre mois ?

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Jeux Olympiques de Paris 2024

Le cri de colère de Serge Grouard, poussé ce mercredi dans « Bonjour ! La Matinale TF1 », n’en finit plus de retentir. Le maire d’Orléans persiste et signe dans l’enquête du 20H de TF1 visible en tête de cet article : « Il y a une opacité totale sur cette organisation. Si je n’avais pas découvert le pot aux roses, personne n’en dirait rien. » En cause : le transfert « en catimini » de quelque 500 migrants de la capitale vers sa ville depuis près d’un an, à hauteur d’« un car toutes les trois semaines », sans qu’il n’en ait jamais été informé par les services de l’Etat. La préfecture du Loiret lui a répondu par voie de communiqué en confirmant ses chiffres et la mise en place d’un « sas d’accueil », mais en niant tout « lien avec l’organisation des Jeux olympiques ». Qu’en est-il réellement ?

Une certitude : Paris déborde depuis longtemps de demandeurs d’asile en quête d’un hébergement d’urgence. Et les maires d’autres villes de province se sont émus de déplacements similaires à ceux constatés par Serge Grouard. En janvier, Bernard Carayon, le maire de Lavaur, une petite ville près de Toulouse, avait publié une lettre ouverte pour dénoncer une politique « irresponsable » et « dangereuse », pour « selon toute vraisemblance rendre Paris plus ‘présentable’ ». Alors que du côté de Strasbourg, l’adjointe au maire, Floriane Varieras, interrogée par l’AFP, se dit « d’accord avec le maire d’Orléans » concernant « le côté opaque » de ces transferts et d’une récente installation près de sa ville.

Capture d’écran TF1

L’État finance et organise effectivement ces transferts en car depuis la région parisienne, mais juste pour « ceux qui le souhaitent ». Un choix de dix villes destinations leur est proposé (voir l’infographie ci-dessus). Nadia Sergent, directrice de territoire de l’association « Imanis », détaille ainsi le dispositif au micro de TF1 : « Toutes les trois semaines, nous accueillons jusqu’à 50 personnes, grand maximum. Et dès le lendemain de leur arrivée, un travailleur social les rencontre. » Cet accueil dans un centre temporaire dure théoriquement trois semaines, avant une réorientation en fonction du statut de leur droit au séjour.

Dès septembre 2022, lors d’un discours, Emmanuel Macron avait émis l’idée de disperser réfugiés et demandeurs d’asile à travers le pays, qualifiant d’« absurde » la politique de longue date consistant à les concentrer dans les zones à faibles revenus des grandes villes. Pour le chef de l’État, il s’agit de contribuer à une « transition démographique » dans la France rurale et les petites communes, pour les aider à faire face aux pénuries de main-d’œuvre. En tout, de source officielle, 3.800 personnes ont quitté Paris par ce canal depuis près d’un an.

Le collectif d’associations humanitaires « Le revers de la médaille », dénonçant ces dernières semaines un « nettoyage social », considère cependant comme évident le lien de cause à effet avec l’approche des JO. « Il y a eu une accélération de la mise en œuvre de ces opérations d’éloignement. Depuis le mois de septembre, nous sommes passés d’à peu près une par mois, à une par semaine, chaque mardi », note Antoine de Clerck, coordinateur de ce collectif. Ce que confirme le témoignage d’Abdul Kassem, un sans-abri ayant quitté Paris avec sa famille pour Orléans durant la semaine, au micro de TF1 : avant qu’il ne grimpe dans le car, l’assistante sociale, assure-t-il, « a dit que ce n’était pas possible de rester à Paris à cause des Jeux olympiques ».


Hamza HIZZIR | Reportage TF1 Florence de Juvigny, Lise Cloix, Loïc Gorgibus

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