La cité scolaire Maurice-Ravel, à Paris, en juin 2018.

L’e-mail est daté du vendredi 22 mars, à 17 h 05, et il a pris de court une large partie de la communauté éducative de la cité scolaire Maurice-Ravel, à Paris. « J’ai finalement pris la décision de quitter dès ce soir mes fonctions de proviseur par sécurité pour moi et pour l’établissement », y écrit celui qui dirigeait le lycée depuis sept ans et faisait l’objet de menaces de mort en ligne depuis une altercation, fin février, avec une élève au sujet du port du voile.

« Le proviseur du lycée Maurice-Ravel arrivant à quelques mois de sa retraite, il a été décidé (…) de lui accorder, en accord avec la direction de l’académie de Paris, un départ anticipé », a fait savoir le rectorat de Paris, mardi 26 mars, ajoutant qu’un nouveau proviseur avait été nommé pour assurer l’intérim.

« Je ne m’attendais pas à cette annonce si soudaine, je pensais que cette histoire était derrière nous », souffle un enseignant de l’établissement, sous le couvert de l’anonymat. Le 28 février, le chef d’établissement avait rappelé à trois élèves leur obligation de retirer leur voile, conformément à la loi de 2004 sur le port ostentatoire de signes religieux, qui s’applique à tous les élèves dans l’enceinte des lycées. L’une d’elles, majeure et scolarisée en BTS, avait « ignoré le proviseur », selon le parquet de Paris, ce qui a « provoqué une altercation ». Dans la foulée, l’élève, qui a assuré dans la presse avoir été « violentée », avait déposé une plainte qui a été classée sans suite, car l’infraction « n’était pas suffisamment caractérisée », selon le parquet. Le proviseur comme le rectorat avaient, d’emblée, démenti toute violence.

« Convenance personnelle »

Le proviseur, lui, a déposé plainte pour acte d’intimidation envers une personne participant à l’exécution d’une mission de service public. A la suite de menaces de mort proférées en ligne contre le proviseur, le parquet de Paris a par ailleurs ouvert une enquête. Un jeune homme de 26 ans, originaire des Hauts-de-Seine, a été arrêté et sera jugé le 23 avril à Paris.

Dans les couloirs du lycée Maurice-Ravel, les enseignants sont « particulièrement échaudés », d’autant que la communication du rectorat sur les raisons de ce départ a semé le trouble en évoquant auprès de l’Agence France-Presse une décision prise pour « convenance personnelle ». « Comme s’il partait en vacances ! On a l’impression que les choses ne sont pas assumées et qu’on nous cache la situation », poursuit l’enseignant cité plus haut, selon qui les inquiétudes quant à la sécurité du proviseur et de l’établissement ont été ravivées depuis l’annonce de son départ. Les professeurs, qui veulent manifester leur soutien à leur ancien chef d’établissement, prévoient de se mobiliser jeudi matin.

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