Un rein de porc, avant d’être greffé sur un humain, au Massachusetts General Hospital de Boston, le 16 mars.

C’est une première. Le rein d’un porc génétiquement modifié a été greffé à un patient vivant. C’est ce qu’a annoncé le Massachusetts General Hospital (MGH), à Boston, dans un communiqué, jeudi 21 mars. « Cela représente un nouveau pas vers une potentielle solution au manque chronique de dons d’organes », a expliqué l’hôpital américain. C’est dans ce même hôpital qu’a été effectuée la première greffe de rein au monde en… 1954.

Transplanté le 16 mars, Richard Slayman, âgé de 62 ans, qui souffrait d’insuffisance rénale chronique, dans un contexte de diabète de type 2, d’hypertension artérielle, « se remet bien » de l’opération. Un premier pas vers le succès, qui reste cependant à confirmer dans le temps.

En 2018, il avait reçu un premier rein d’un donneur humain décédé, mais celui-ci s’est dégradé cinq ans après la transplantation, contraignant le patient à reprendre la dialyse en mai 2023, précise l’hôpital. Il a ensuite eu de graves complications. « [Les médecins] m’ont minutieusement expliqué les pour et les contre de la procédure [la greffe de rein de porc], a déclaré Richard Slayman, cité dans le communiqué. J’ai vu cela comme un moyen non seulement de m’aider moi, mais aussi de donner de l’espoir à des milliers de personnes qui ont besoin d’une greffe pour survivre. »

Des reins de porc génétiquement modifiés ont déjà été transplantés sur cinq humains en état de mort cérébrale – la première fois en septembre 2021 par des chirurgiens de l’hôpital NYU Langone de New York. Deux patients vivants ont quant à eux reçu une greffe de cœur d’un porc génétiquement modifié, mais sont morts après quelques semaines.

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Le rein, fourni par la société américaine eGenesis de Cambridge (Massachusetts), provient d’un porc qui a subi 69 modifications génomiques, à l’aide de la technologie Crispr-Cas9. Celles-ci visent à éliminer les gènes porcins « nocifs » et à ajouter certains gènes humains pour améliorer la compatibilité avec les humains. Les scientifiques ont également inactivé les rétrovirus endogènes porcins (PERV), présents chez tous les porcs, afin d’éliminer un risque d’infection chez le receveur.

De nombreux défis à relever

Au cours des cinq dernières années, le Massachusetts General Hospital et eGenesis ont mené des recherches collaboratives approfondies, dont les résultats ont été publiés dans Nature en 2023. « C’est une étape majeure qui a été franchie, il n’y a pas eu de tel élan ces quarante dernières années, mais il faut être prudent », commente Alexandre Loupy, qui dirige l’Institut de transplantation et de régénération d’organes de Paris (Pitor, université Paris Cité, Inserm, AP-HP), qui collabore étroitement avec les équipes américaines de greffes. Même écho pour le néphrologue Valentin Goutaudier, chercheur au Pitor.

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