Catherine Vautrin lors d’une séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, le 19 mars 2024.

Le gouvernement pose, de nouveau, sur la table un dossier qui fâche les partenaires sociaux. Dans des échanges très récents avec le Medef, la ministre du travail, Catherine Vautrin, a indiqué que l’exécutif compte toujours mettre à contribution l’Agirc-Arrco, la caisse de retraite complémentaire du privé cogérée, de façon paritaire, par le patronat et les syndicats. Pour le moment, il ne s’agit que d’une simple piqûre de rappel, le pouvoir semblant désireux de trouver une solution par le truchement du dialogue. Mais le fait que ce projet, provisoirement mis de côté durant l’automne 2023, soit relancé risque de provoquer, une fois de plus, des turbulences, les organisations d’employeurs et de salariés y étant foncièrement hostiles.

Le raisonnement du gouvernement reste le même que celui qu’il tenait il y a six mois. La réforme des retraites du 14 avril 2023, en décalant l’âge légal de départ, permet de réaliser des économies qui pourraient atteindre 6,2 milliards d’euros en 2026 et presque 14 milliards d’euros en 2030, sur l’ensemble de notre système par répartition. Une partie de ces « gains » concerne l’Agirc-Arrco (à hauteur de 1,2 milliard d’euros en 2026 et de 3,1 milliards d’euros en 2030, selon les chiffrages de l’Etat). L’exécutif considère qu’il a son mot à dire sur l’usage de cette manne, puisque c’est grâce à lui qu’elle existe – au prix de décisions très impopulaires. La démarche lui paraît d’autant plus justifiée que le régime de retraites complémentaires du privé est excédentaire et dispose de réserves plantureuses (78,5 milliards d’euros à la fin 2023).

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C’est en s’appuyant sur cette logique que le gouvernement avait réclamé une participation de l’Agirc-Arrco, peu avant le début des débats sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, au cours de l’automne 2023. Les partenaires sociaux s’y étaient à l’époque opposés.

Transfert au régime général

Mais ils avaient fait bien pire, du point de vue du pouvoir en place : le 5 octobre 2023, le Medef et l’ensemble des syndicats avaient conclu un accord prévoyant de revaloriser les pensions complémentaires de 4,9 %. Un choix qui avait mis en fureur l’Elysée, Matignon et de nombreux élus de la majorité car il entraîne un surcroît de dépenses qui ampute les économies induites par la réforme des retraites. Patrick Martin, le président du Medef, avait essuyé les remontrances d’Elisabeth Borne, alors première ministre, mais aussi d’Emmanuel Macron. « Réveillez-vous ! », s’était exclamé le président de la République, le 21 novembre 2023, devant des chefs d’entreprise et des responsables patronaux – dont M. Martin –, avant d’ajouter : « On a des finances publiques qui ne me donnent pas le sentiment qu’on peut lâcher l’effort. » Une pique qui visait au premier chef le numéro un du Medef.

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