Depuis un violent tabassage en 2020, Lorenzo, 23 ans, est handicapé à vie.
En attendant leur procès, ses agresseurs mènent leur vie « comme si de rien n’était ».
Une torture pour sa mère, qui s’est confiée ce dimanche à Audrey Crespo-Mara dans « Le portrait de la semaine » de Sept à Huit.
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Sept à huit
La vie de Lorenzo, 23 ans, de ses parents et de ses deux petites sœurs, a tragiquement basculé le 23 août 2020. Cette nuit-là, le jeune homme passe la soirée chez des amis avec une copine. Sa mère, Elise Vera, raconte la suite à Audrey Crespo-Mara dans la vidéo ci-dessus, replay du « portrait de la semaine » diffusé ce dimanche dans « Sept à Huit » : « Il quitte cette soirée pour aller sur un petit parking dans un village voisin ». Le petit groupe chante et rigole, comme on peut le voir sur une story Instagram postée par Lorenzo.
« Quelques minutes plus tard, une voiture arrive avec deux jeunes personnes à l’intérieur. L’un d’entre eux commence à embrouiller l’un des amis de Lorenzo présent sur les lieux », reprend la mère de famille, qui souligne que tout le monde se connait vaguement, mais sans plus. « Sans raison, ils commencent à échanger des mots, monter le ton et un garçon qui est un peu plus énervé passe un coup de téléphone à son groupe d’amis pour leur dire de venir ».
Une deuxième personne lui saute dessus et on lui porte des coups très violents sur les cervicales, sur le dos. On parle même de lui avoir sauté à pieds joints.
Une deuxième personne lui saute dessus et on lui porte des coups très violents sur les cervicales, sur le dos. On parle même de lui avoir sauté à pieds joints.
Elise, maman de Lorenzo
Ces derniers veulent manifestement en découdre. « Quelques minutes plus tard, trois autres voitures arrivent. Une personne sort de la voiture et se jette directement sur Lorenzo. On parle de placage comme au rugby et mon fils tombe sur le rebord d’un fossé sur le ventre. À ce moment-là, une deuxième personne lui saute dessus et on lui porte des coups très violents sur les cervicales, sur le dos. On parle même de lui avoir sauté à pieds joints », témoigne Elise.
Les amis de Lorenzo préviennent la police et le jeune homme est aussitôt transporté en urgence au CHU de Montpellier. Son fils est vivant, mais dans un état pitoyable. « Il n’a pas de réaction, ils nous regardent, mais rien », se souvient-elle. Après 16 jours de coma, « le chirurgien lui a sauvé la vie », ajoute-t-elle. Et de préciser : « En fait, il avait les cervicales explosées à l’intérieur, il y avait des petits débris. Donc, les cervicales sont remplacées par des plaques, des vis. Ça a duré toute la journée, c’est horrible ». Puis, le terrible diagnostic finit par tomber. « On commence à nous parler de tétraplégie, paraplégie, les médecins ne savaient pas trop », poursuit Elise.
Des contrôles judiciaires pas respectés
Désormais, la mère de famille va consacrer toutes ses heures et ses journées à son fils. Pas une journée ne s’écoule sans qu’elle passe de longs moments à son chevet. « Il fallait lui apporter de la force (…) Je ne pouvais pas imaginer notre vie à tous sans lui. On a un enfant, on est loin d’imaginer qu’il puisse lui arriver un jour un tel drame. On se demande pourquoi la vie bascule du jour au lendemain sans raison », sanglote-t-elle. Aujourd’hui, Lorenzo est paralysé de la poitrine jusqu’aux pieds. « Il est très lourdement handicapé, il passe ses journées sur son fauteuil », détaille cette mère en colère.
En colère après les agresseurs du jeune homme : cinq personnes identifiées et interpellées les jours suivants. « C’est un groupe de jeunes de bonne famille, tous majeurs, qui avaient l’habitude d’embêter d’autres personnes. Mais il n’y a jamais eu de plaintes parce que ça n’a jamais été grave », explique Elise. Ils ont tous depuis été remis en liberté et placés sous contrôle judiciaire. « Ils ont des horaires pour sortir, ils ont des lieux qui leur sont complétement interdits, des personnes avec lesquelles ils n’ont pas le droit de se trouver, mais rien n’est respecté », s’insurge-t-elle.
Ce qui détruit un peu plus la famille d’Elise. « Imaginez que notre fille a croisé l’un des agresseurs de son frère deux mois après dans un endroit où il n’avait pas le droit d’aller (…) On a fourni les preuves en photos et vidéos à la police à plusieurs reprises (…) Lorenzo est lui-même tombé nez à nez avec l’agresseur qui a lui fait le placage lors de ses premières sorties d’hôpital. Il y a eu de multiples dénonciations, mais rien n’a changé, on ne les a pas interpellés », dénonce-t-elle. Se battre pour que justice soit faite ? Elise est bien décidée à mener ce combat pour son fils. « Ce qui est révoltant, c’est que ces personnes ont détruit nos vies, ont détruit la vie de Lorenzo. Et ces personnes, cinq ans après, sont dehors : libres comme si de rien n’était. Malgré les manquements, leurs contrôles judiciaires ont même été allégés. Ils ont tous une vie absolument normale », insiste la mère de famille, qui se dit usée et fatiguée.
Depuis le 10 octobre 2023, l’instruction est terminée, mais aucune date de procès n’a encore été fixé. Elise invoque une raison : « Les mis en examen ont fait appel. C’est un droit qui leur est dû et comme ça, ils gagnent du temps. Mais ça n’est pas normal. On a déjà assez de mal à vivre depuis cette nuit-là pour en plus devoir subir tout ça », conclut-elle. Les agresseurs de Lorenzo encourent 15 ans de prison.