- Les nageurs sauveteurs sont de moins en moins nombreux sur les plages, avec des conséquences parfois dramatiques, surtout en pleine saison.
- En cause notamment : l’attrait des diplômés pour les structures privées.
- Le JT de TF1 s’est rendu à Ajaccio où la surveillance des plages n’est assurée à certains endroits que l’après-midi.
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Le 13H
François Santoni, moniteur de surf sur une plage d’Ajaccio se souviendra longtemps de son sauvetage durant l’été. Alors qu’il aperçoit un homme en train de se noyer, il fonce au poste de secours. Le problème, c’est qu’il est 11h du matin et que ce dernier n’ouvre qu’à midi, faute de personnel. Avec un autre baigneur, il tente de sauver la victime, sans succès. « On a forcé le poste de secours pour accéder au matériel, et (les sauveteurs) sont arrivés au moment où l’intervention avait commencé. Mais c’est vrai que s’ils avaient été là plus tôt, ça aurait rassuré beaucoup de monde. Je ne sais pas si l’issue aurait été différente »
, raconte-t-il dans le reportage ci-dessus. Et d’ajouter : « Ce que je déplore, c’est que les gens d’eux-mêmes ont du mal à interpréter le danger potentiel ».
Il y a une désaffection totale et générale au niveau national. On n’a aucune explication à ce jour, ni de salaire, ni de conditions de travail.
Il y a une désaffection totale et générale au niveau national. On n’a aucune explication à ce jour, ni de salaire, ni de conditions de travail.
Marc Leca, directeur des sports (ville d’Ajaccio)
Si le poste de sauvetage ouvre si tard, c’est parce qu’un nageur-sauveteur ne peut pas travailler au-delà de 7h par jour. Et comme partout en France, ils ne sont pas assez nombreux. À tel point qu’à Ajaccio, ils devraient être 32 et ils ne sont que 26 à surveiller les plages.
« Les sessions de formation sont toujours remplies. Tous les ans, elles font le plein. Et pourtant, il y a une désaffection totale et générale au niveau national. On n’a aucune explication à ce jour, ni de salaire, ni de conditions de travail. Ce sont toujours les mêmes »,
constate Marc Leca, responsable du service sports.
« Ça nous apprend beaucoup de choses »
Une sauveteuse interrogée par TF1 pense que certains ont « peut-être peur ». « C’est quand même un rôle important. Il faut savoir être responsable. Mais c’est dommage parce que ça nous apprend beaucoup de choses. Comment on va réagir à une situation de stress. Moi, je ne regrette pas du tout »,
dit-elle.
Une pénurie qui s’explique aussi parce que les diplômés se tournent plus souvent vers les structures privées. Au Marina Viva, un club 3 étoiles à Porticcio, près d’Ajaccio, les nageurs sauveteurs sont payés en moyenne une centaine d’euros de plus par mois que ceux employés par la ville. Mais surtout, ils sont logés et nourris, ce qui leur fait économiser plusieurs centaines d’euros la semaine.
Un critère déterminant pour Timothée qui autrement n’aurait pas pu venir. « C’est quand même un gros avantage d’être dans un hôtel club. Et comme je ne suis pas d’ici, c’est plus sympa d’être logé. On a l’impression d’être en vacances »,
affirme-t-il. Ce qui satisfait le responsable adjoint. « On a la chance d’avoir trois maitres-nageurs qui reviennent depuis plusieurs années. Et on n’a jamais eu beaucoup de mal à recruter. Alors peut-être que ça passe par tous les avantages qu’on peut avoir. Vu qu’ils sont logés sur l’hôtel, s’ils ont envie de venir se poser sur la terrasse et de se sentir un petit peu en vacances vu, ça fait partie de ces avantages »,
explique Rocco Botella.
Chaque année, plusieurs sessions sont organisées pour recruter de nouveaux candidats. La Fédération française des maîtres-nageurs sauveteurs estime que 5.000 postes sont actuellement vacants sur les plages françaises.