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Emmanuel Macron se rendra ce lundi à Oradour-sur-Glane dans le cadre de la commémoration du massacre du 10 juin 1944.
À proximité du bourg reconstruit après-guerre, des ruines impressionnantes témoignent de l’horreur commise par les nazis.
Classé monument historique, le site nécessite aujourd’hui un investissement financier massif pour ne pas être gommé par le temps.
C’est le théâtre du pire massacre de civils par des nazis en France. Le 10 juin 1944, 643 personnes étaient tuées par les Waffen SS à Oradour-sur-Glane, dans le département de la Haute-Vienne. Environ 200 hommes furent abattus à la mitrailleuse, puis quelque 450 femmes et enfants dans l’église, avant que le village ne soit incendié. Une trentaine d’habitants seulement en réchappèrent. Le dernier d’entre eux, Robert Hébras, est décédé en février 2023 à l’âge de 97 ans.
Après-guerre, l’État fera construire le nouveau bourg d’Oradour-sur-Glane où réside aujourd’hui quelque 2500 habitants, à quelques centaines de mètres des ruines du village martyr, classé monument historique. Sur quelque 10 hectares, des petites maisons sans toit aux pierres noircies, certaines aux murs effondrés, renferment encore des trésors comme la carcasse d’une Peugeot 202, figée dans le temps. Un témoignage qui résiste hélas de moins en moins au temps.
Lorsque le paysage disparaît, la mémoire s’efface petit à petit
Lorsque le paysage disparaît, la mémoire s’efface petit à petit
Philippe Lacroix, maire d’Oradour-sur-Glane
Depuis 1946, le site fait l’objet de travaux d’entretien pour un coût fixe d’environ 200.000 euros par an, auxquels se rajoutent des investissements ponctuels, mais réguliers. « Il est très, très urgent d’agir, de façon plus importante qu’aujourd’hui« , plaide auprès de l’AFP le maire sans étiquette d’Oradour-sur-Glane Philippe Lacroix, arguant que « lorsque le paysage disparaît, la mémoire s’efface petit à petit« .
En 2023, un schéma directeur sur 15 ans a été établi afin de « redéfinir la doctrine de conservation« , explique pour sa part Lætitia Morellet, directrice régionale adjointe déléguée aux patrimoines et à l’architecture. L’objectif ? « Consolider les maçonneries, protéger les arases des murs et reprendre les façades, tout en conservant l’état de destruction qui permet de lire et comprendre ce crime de guerre, en veillant à ne rien effacer, ni donner un aspect neuf aux choses« , insiste-t-elle.
Ce grand chantier doit être réalisé pour un budget estimé à hauteur 19 millions d’euros, financé par l’État et une collecte de dons en ligne lancée par la Fondation du Patrimoine. À la veille de la commémoration en présence d’Emmanuel Macron, elle avait récolté plus de 300.000 euros ce dimanche. L’an dernier, la restauration de l’église du village a coûté à elle seule quelque 480.000 euros.
Pour Benoît Sadry, le président de l’association des familles des martyrs, préserver les ruines d’Oradour-sur-Glane permet aussi de conférer à ce village une « certaine universalité qui dépasse le seul cadre de la Seconde Guerre mondiale« . L’enjeu, selon lui, c’est de « garder une preuve que dans les guerres, les crimes de masse, ce sont toujours les populations civiles qui paient le prix« . Un message plus actuel que jamais.