Le chancelier allemand, Olaf Scholz, annule son déplacement à la COP29 de Bakou, qui débute lundi, a annoncé, jeudi 7 novembre, un porte-parole du gouvernement, au lendemain de la chute de sa coalition et alors que l’opposition conservatrice presse le chancelier d’organiser un vote de confiance dans les prochains jours.
Le chancelier a fixé la date du 15 janvier pour ce vote au parlement et n’entend pas y déroger, décidé à se maintenir au pouvoir à la tête d’un gouvernement minoritaire jusqu’à l’organisation d’élections législatives anticipées.
Olaf Scholz devait passer la journée de mardi à la 29e conférence de l’ONU sur le changement climatique (COP29), y prononcer un discours et participer à plusieurs événements sur le climat. Cette COP réunira 198 pays à Bakou, en Azerbaïdjan, à partir du 11 novembre, et durera au moins jusqu’au 22 novembre. Mais l’agenda du chancelier est chamboulé en raison de la crise politique qui secoue l’Allemagne.
Outre l’opposition conservatrice CDU/CSU, trois autres partis réclament un vote de confiance dans les jours qui viennent : l’AfD, formation d’extrême droite créditée de la deuxième place derrière les conservateurs dans les intentions de vote ; le parti de gauche BSW ; et les libéraux du FDP, chassés du gouvernement. « Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre d’avoir un gouvernement sans majorité pendant plusieurs mois », a déclaré le chef de la CDU-CSU, Friedrich Merz.
« Notre pays n’a pas de temps à perdre »
L’implosion du gouvernement, redoutée de longue date, tombe au plus mauvais moment pour l’Allemagne, aux prises avec une grave crise industrielle, et pour l’Europe, qui s’inquiète des répercussions sur son commerce et sa sécurité de l’élection du républicain Donald Trump.
Les milieux d’affaires et industriels allemands réclament aussi des élections rapidement, de même que l’AfD, formation d’extrême droite, le BSW (gauche radicale), ainsi que Christian Lindner, le ministre des finances tout juste limogé, dont le départ a provoqué la chute de l’hétéroclite coalition composée des sociaux-démocrates, des Verts et de son parti libéral (FDP). « Notre pays n’a pas de temps à perdre », a-t-il martelé.
Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, a appelé les responsables politiques à « la responsabilité », soulignant que le pays avait « besoin de majorités stables et d’un gouvernement efficace ». Le président, un social-démocrate, comme le chancelier, aura la responsabilité de dissoudre le Bundestag si Olaf Scholz est, comme attendu, mis en minorité par le Parlement.
L’agonie du gouvernement a duré de longs mois en raison de profondes divergences sur la politique budgétaire et économique. Les sociaux-démocrates et les écologistes sont partisans d’une relance de l’économie nationale en panne par les dépenses, alors que les libéraux prônent des coupes sociales et une stricte discipline budgétaire.
Incertitude sur le budget 2025
M. Lindner est remplacé aux finances par un des proches conseillers d’Olaf Scholz, Jörg Kukies, un ancien banquier d’affaires de 56 ans. Deux autres libéraux sortent du gouvernement, tandis que le ministre des transports, Volker Wissing, a décidé de rester et a quitté son parti dans la foulée. Il sera chargé de la justice, en plus des transports.
Le gouvernement est désormais minoritaire, mais « nous sommes en fonction, nous pouvons prendre des décisions et nous prendrons des décisions », a assuré le vice-chancelier, Robert Habeck (Verts). L’opposition refuse tout soutien au gouvernement. Quant au budget 2025, dont la préparation est à l’origine de la crise actuelle, c’est l’incertitude. Une version minimum et réduite pourrait être appliquée à partir de janvier.
Les ruptures de coalition sont très rares en Allemagne, mais la paralysie de l’équipe Scholz ne pouvait plus durer, estiment de nombreux commentateurs. « Heureusement que c’est fini », titre le magazine Der Spiegel, résumant le sentiment général dans le pays. Olaf Scholz espérait que l’élection de Donald Trump, adepte du protectionnisme et des confrontations diplomatiques, forcerait sa coalition à serrer les rangs. Mais c’est le contraire qui s’est produit.
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Si des élections devaient se tenir demain, l’opposition conservatrice arriverait en tête avec 32 % des voix, selon un nouveau sondage jeudi de l’institut Ipsos, réalisé début novembre, avant l’éclatement de la coalition. Et M. Merz ferait figure de favori pour devenir chancelier. Mais il aurait du mal, lui aussi, à former une coalition majoritaire, avec une extrême droite AfD en embuscade en deuxième position (18 %) avec laquelle il rejette toute alliance gouvernementale. Le SPD est lui crédité de 15 %, les Verts de 11 %, et le FDP de tout juste 5 %.