La comédienne danoise Connie Nielsen reprend le personnage de Lucilla dans « Gladiator II » en salles ce mercredi.
Une femme forte qui a transformé sa carrière et lui a permis d’entrer à jamais dans l’Histoire du cinéma.
Près d’un quart de siècle plus tard, elle raconte à TF1info comment elle a failli ne jamais avoir le rôle.
C’est le rôle qui a fait décoller sa carrière à Hollywood. La star danoise Connie Nielsen, 59 ans, redevient Lucilla dans Gladiator II, la suite du classique de l’an 2000 réalisée par Ridley Scott. Avec une sacrée surprise dans ses valises puisqu’on découvre que son fils Lucius est l’enfant de Maximus, le héros du premier film joué par Russell Crowe. Exilé en Numidie pour réchapper aux jeux de pouvoir à Rome, il y revient 15 ans plus tard sous le nom du gladiateur Hanno (Paul Mescal) alors que sa mère a refait sa vie avec Marcus Acacius (Pedro Pascal), le général contre lequel il fomente une terrible vengeance…
« C’est quelqu’un que je connais vachement bien« , confie la comédienne à TF1info dans un français presque parfait. « Exactement comme quand tu retrouves un vieil ami que tu n’as pas vu depuis longtemps. C’est comme si le temps n’avait pas passé. Et en même temps, elle est différente, comme moi. Je suis une femme mûre maintenant. Lucilla aussi. C’est quelqu’un qui a été brûlé par la vie, et avec ses blessures, elle est devenue plus forte. Elle est aussi devenue plus intéressante, plus nuancée. Elle a aussi plus d’expérience dans l’art de survivre !«
Un parcours du combattant pour avoir le rôle
Si Connie Nielsen manie si bien la langue de Molière, c’est parce qu’elle a tourné son tout premier film à Paris au début des années 1980. « C’était Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir, raconte-t-elle à propos de cette comédie de Philippe Clair avec Jerry Lewis et Aldo Maccione. J’avais 18 ans et c’était incroyable de se retrouver sur un tournage. J’avais commencé à 15 ans dans un tout petit théâtre dans le nord du Danemark avec ma mère. Et je me souviens que tout le monde était très sympa avec moi. Plus tard, j’ai recroisé Jerry Lewis aux États-Unis sur la série New York, police judiciaire et il m’a apporté un petit cadeau en disant qu’il avait suivi ma carrière et qu’il était fier de moi. »
Après une poignée de rôles américains dans L’Avocat du Diable de Taylor Hackford ou encore Mission to Mars de Brian De Palma, Connie Nielsen sera engagée pour tenir le rôle principal féminin de Gladiator. Aussi grave que sublime, le personnage de Lucilla résiste aux avances de Commode, son frère incestueux joué par Joaquin Phoenix. Et dissimule tant bien que mal sa passion secrète pour le général Maximus, incarné par Russell Crowe. Un quart de siècle plus tard, ce triangle amoureux ambigu est entré dans la légende, avec cinq Oscars à la clé, dont celui du meilleur film. Et pourtant…
« L’autre jour, Ridley Scott a dit devant des journalistes qu’il m’avait vu sur une vidéo et qu’il m’avait engagé instantanément« , s’étonne l’actrice. « Je l’ai regardé et j’ai dit ‘tu rigoles ?’. Sauf qu’il ne se souvient absolument pas de ce qui s’est passé. La vérité, c’est que son directeur de casting avait tourné une vidéo avec moi pour un autre film qui ne s’est jamais fait. D’ordinaire, j’étais très mauvaise dans ce genre d’exercice. Mais cette fois, ça s’était très bien passé. Et c’est cette vidéo que Ridley a vue alors que ça n’avait rien à voir avec Gladiator. »
Mais l’anecdote ne s’arrête pas là. « À l’époque, le studio a demandé qui était cette fille ! Personne ne la connaît, elle a fait deux ou trois films en Amérique. On m’a alors demandé de faire une vidéo pour me présenter, puis j’ai passé des essais sur quatre scènes différentes à Los Angeles, révèle-t-elle. Ensuite, j’ai dû faire un screen test en même temps que huit autres actrices qui voulaient le rôle. Et à la fin, j’ai dû faire un meeting avec tous les patrons du studio pour leur montrer tout ce que je savais sur l’Empire romain ! Et là, j’ai eu le rôle. » Enfin pas encore tout à fait…
« Un jour, Ridley m’appelle pour me demander ce que je pense de la dernière réécriture du scénario« , raconte-t-elle. « Et là, je lui avoue qu’il y a pas mal de problèmes, notamment des anachronismes. Il me répond alors ‘ok, ne dis plus rien, écris tout ça et tu me l’envoies par fax’. À l’époque, j’ai écrit 20 pages sur tout ce qui n’allait pas et je n’ai plus eu de nouvelles pendant trois jours. Et pendant trois jours, je n’ai pas pu manger ni dormir ! J’ai fini par téléphoner au bureau de Ridley pour savoir si j’étais licenciée oui ou non parce que je voulais dormir et bouffer ! (Rires). Il a fini par me rappeler et il m’a expliqué en se marrant qu’il était en train d’intégrer toutes mes remarques !« . La suite appartient à l’Histoire du cinéma.
>> Gladiator II de Ridley Scott. Avec Paul Mescal, Denzel Washington, Connie Nielsen. 2h30. En salles mercredi