Les différences entre les modèles économiques et sociaux des Etats-Unis et de la France sont considérables. La pression fiscale est de 48 % du produit intérieur brut (PIB) en France et de 28 % aux Etats-Unis, avec un système de retraite essentiellement par capitalisation aux Etats-Unis, essentiellement par répartition en France, où le poids des retraites dans le PIB dépasse 14 %. Les dépenses publiques de protection sociale en France (retraites, assurance-maladie, assurance-chômage) pèsent 32,2 % du PIB, contre 17 % aux Etats-Unis. Bref, un Etat très protecteur en France et très peu protecteur aux Etats-Unis…
Cet écart entre les générosités des systèmes de protection sociale est renforcé par la grande divergence entre les Etats-Unis et la France en matière de partage des revenus. Aux Etats-Unis, depuis 2002, la productivité du travail a progressé de 42 %, alors que le salaire réel par tête n’a progressé que de 18 % : la part des salaires dans le PIB a donc considérablement diminué. En France, au contraire, le salaire réel par tête a progressé de 17 % depuis 2002 et la productivité par tête de 12 % : la part des salaires dans le PIB a donc augmenté.
Le fait que la protection sociale soit nettement plus généreuse en France qu’aux Etats-Unis, générosité financée par une pression fiscale beaucoup plus forte, et que le partage des revenus soit beaucoup plus favorable aux salariés en France qu’aux Etats-Unis a des conséquences importantes sur le niveau d’inégalité et de pauvreté. L’indice de Gini des inégalités de revenu est de 0,39 aux Etats-Unis et de 0,29 en France – la valeur 1 indique une société totalement inégalitaire, où un seul individu accapare tout le revenu, la valeur 0 indique une société parfaitement égalitaire, où tous les individus ont le même revenu. Le pourcentage de la population en dessous du seuil de pauvreté, celle dont le revenu est inférieur à 60 % du revenu médian, est de 25 % aux Etats-Unis et de 15 % en France.
Prise de risque
En matière d’équité, le modèle français est donc nettement supérieur au modèle américain. Mais dans une société inégalitaire, avec peu de transferts publics aux plus pauvres, les individus sont amenés à investir dans le capital humain, dans l’éducation, pour éviter la pauvreté ; ils prennent davantage de risques, pour les mêmes raisons ; et l’effort au travail est plus élevé que dans une société où les filets de sécurité sont nombreux et généreux.
Il vous reste 56.37% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.