Drogues, rackets de commerçants et du rappeur SCH, assassinats…
La DZ Mafia, après avoir mis la main sur le narcotrafic marseillais, entreprend de se développer pour mieux faire connaître sa « marque », jusqu’à l’international.
Dans un grand reportage exceptionnel, TF1 détaille le nouveau fonctionnement de cette organisation criminelle tentaculaire.
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Le 20H
Il y a ceux dont le rideau de fer est criblé de balles, ceux dont l’épicerie a été incendiée et ceux qui, par peur de telles représailles, se sont acquitté de 7000 euros, comme le montre le grand reportage à Marseille du JT de 20H de TF1, visible en tête de cet article. Ces petits commerçants sont les nouvelles cibles, de plus en plus nombreuses, des tentatives d’extorsion de la DZ Mafia, organisation criminelle tentaculaire rackettant désormais tous azimuts dans la cité phocéenne. « C’est de pire en pire… Si dorénavant, ça concerne les commerces, ça commence à être grave », témoigne un habitant. « Ça m’inquiète forcément. Quand on est avec les enfants, on a peur de se prendre une balle perdue, comme ça, gratuitement », ajoute une mère de famille.
« Il n’y a aucune frontière pour la DZ Mafia »
« La DZ Mafia diversifie ses activités, exactement comme une entreprise qui cherche à se développer en multipliant ses sources de revenus », confie une source policière, sous couvert d’anonymat. Une diversification des activités qui rime avec diversification des cibles : selon nos informations, ces trois derniers mois, une boîte de nuit du centre-ville, loin des quartiers Nord, a reçu la visite d’un commando armé et cagoulé, tandis que le rappeur marseillais SCH, en concert à la Grande-Motte, a vu son équipe essuyer des tirs, tuant l’un de ses proches, à la sortie de la salle, parce que l’artiste avait refusé de payer les centaines de milliers d’euros réclamés par la bande organisée. Laquelle a revendiqué chacune de ces attaques.
« On est sur du racket ou des extorsions de fond, qui vont jusqu’à faire un mort et un blessé grave dans l’entourage du rappeur SCH. Il n’y a aucune frontière pour la DZ Mafia, on voit bien qu’ils peuvent aller très loin dans leurs actions », pose face à notre caméra Bruno Bartocetti, secrétaire général de la zone sud du syndicat de police nationale Unité SGP. Inscrit un peu partout sur les murs des quartiers, mis en avant dans les communiqués de presse du groupe ou même gravé à même la peau des victimes laissées pour mortes : le nom « DZ Mafia » a fini par être décliné et diffusé comme une marque.
L’organisation possède aujourd’hui l’immense majorité des « points stups » de Marseille. « À la cité de la Paternelle (dans le 14e arrondissement, ndlr) par exemple, il y avait un point de deal que la DZ a récupéré. Eh bien ensuite, ils ont voulu s’agrandir et du coup, ils ont attaqué les autres points de deal tout autour. C’est parti de là », détaille anonymement un policier de la Bac Nord de Marseille, dont les patrouilles peinent à franchir les tas d’ordures dressés pour faire obstacle et à surprendre la vigilance des nombreux guetteurs. Puis l’officier de décrire ainsi le mode opératoire, devenu marque de fabrique, de cette conquête de territoires : « C’est le système de la poussette. Un mec entre dans une cité et il tire en l’air un peu partout, pour dire qu’ils sont maintenant chez eux. » Ce que confirment les images amateures incluses dans la vidéo de TF1 ci-dessus.
Dans le sillage de cette expansion, le groupe, fort de sa notoriété, a recruté de nouveaux membres afin de gonfler encore ses rangs. « On a énormément de gens, surtout des sans-papiers, qui viennent de toute la France, pas seulement des villes aux alentours », éclaire un autre policier marseillais. Julien, seul membre de la Bac Nord à avoir accepté de nous répondre à visage découvert, précise : « Quand on fait péter un point de deal, pour eux, ce n’est rien. Ils ont les moyens de réapprovisionner le produit dans les dix minutes qui suivent. Ça ne leur fait pas de mal. Ils ont beaucoup d’argent, qu’ils réinvestissent dans des produits de meilleure qualité. Dans l’armement, aussi. Armes de poing, fusils d’assaut, fusils à pompe… »
Aucun chiffre consolidé ne permet de quantifier avec précision la fortune de ce cartel à la française, mais la police estime que chaque point de deal rapporte jusqu’à 80.000 euros par jour. Une force de frappe financière qui permet à la DZ Mafia d’étendre aujourd’hui son influence bien au-delà du sud de la France. Et même au-delà de nos frontières, jusqu’à Bruxelles. « La Belgique se trouve au centre de l’Europe et offre un accès assez facile au marché de la cocaïne. Il y a des liens établis avec la DZ Mafia, qui vient se fournir ici, se procurer des armes ou transférer de l’argent », assure Ine Van Wymersch, la commissaire nationale aux drogues. Ce qui fait dire à Pierre-Édouard Colliex, préfet de police des Bouches-du-Rhône, qu’au-delà des opérations « place nette » quotidiennes, « il faut vraiment qu’on puisse taper à tous les niveaux et toutes les formes du trafic » pour le mettre à l’arrêt.