Combien y aura-t-il de suffrages exprimés ? Cette donnée est attendue avec autant d’intérêt que le score des organisations qui sont en lice pour les élections professionnelles dans les très petites entreprises (TPE). Alors que les opérations de vote débutent lundi 25 novembre pour durer deux semaines – jusqu’au lundi 9 décembre –, les pouvoirs publics comme les syndicats espèrent un sursaut de la participation. Depuis qu’il a eu lieu pour la première fois en 2012, le scrutin inspire une profonde indifférence, avec un pourcentage impressionnant d’abstentionnistes, qui n’a cessé de s’amplifier, atteignant un peu plus de 94 % en 2021, lors de la précédente édition.
Cette élection s’adresse aux collaborateurs de sociétés de moins de onze salariés et aux employés à domicile (assurant des gardes d’enfants, des tâches ménagères, etc.). Soit près de 5,4 millions de femmes et d’hommes, invités à faire connaître leur choix par correspondance ou à l’aide d’un ordinateur. Le vote s’ajoute à ceux qui se tiennent dans les entreprises d’au moins onze personnes et dans les chambres d’agriculture afin de mesurer la représentativité des syndicats, au niveau interprofessionnel comme dans les branches. Il sert aussi à désigner des conseillers prud’homaux. Enfin, il permet de nommer les membres des commissions paritaires régionales interprofessionnelles (CPRI), des instances chargées de fournir des informations aux patrons comme aux travailleurs des TPE ou de résoudre à l’amiable des litiges.
Le scrutin « s’ouvre dans une inquiétante discrétion », selon l’Union syndicale Solidaires, qui déplore que « la communication gouvernementale » soit si « faible ». Les services de l’Etat, eux, objectent qu’une action de promotion est conduite jusqu’au début du mois de décembre pour inciter les salariés concernés à voter : spots à la radio, encarts publicitaires dans les quotidiens, mise à contribution de blogueur – comme César Roussel, qui est très suivi sur TikTok et sur Instagram, etc. Les syndicats, de leur côté, ont mené campagne, non sans difficulté car leur implantation dans les TPE est résiduelle et le corps électoral est, par nature, dispersé. Nouer le contact sur les lieux de travail peut s’avérer ardu, car cela implique le consentement de l’employeur, qui n’est pas toujours acquis.
Ambitions modestes
Une partie du patronat a, cependant, décidé de coopérer, par le biais de l’Union des entreprises de proximité (U2P), qui représente les artisans, les commerçants et les professions libérales. Le 30 octobre, son président, Michel Picon, a insisté sur la nécessité de « faire décoller la participation », lors d’une rencontre à Paris avec les dirigeants des principales confédérations : plus elle sera élevée, « plus la voix des TPE portera », d’après le numéro un de l’U2P, qui a exhorté ses adhérents à faciliter l’expression du suffrage.
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