L’exécutif a introduit dans son projet de budget un dispositif lui permettant de relever la taxe sur l’électricité à un niveau potentiellement supérieur à celui d’avant-crise énergétique.
Le Sénat s’est opposé mardi soir à cette disposition phare du budget 2025 à l’issue d’un vote très large à main levée, avec des voix de droite comme de gauche.
À l’Assemblée nationale, une coalition des oppositions avec la droite avait également voté contre la mesure.
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Budget 2025 : la France doit trouver 60 milliards d’euros
Le gouvernement de Michel Barnier enregistre un revers d’importance sur le budget au Sénat, une chambre qui le soutient. Le Sénat s’est opposé, mardi 26 novembre au soir, à une disposition phare du budget 2025 du gouvernement autorisant ce dernier à relever la fiscalité de l’électricité pour la taxer à un niveau supérieur à la période d’avant-crise énergétique.
Un vote très large à main levée, avec des voix de droite comme de gauche, a permis à la chambre haute de repousser cette mesure du projet de loi de finances, pour laquelle le gouvernement espérait obtenir plus de 3 milliards d’euros. Les sénateurs ont notamment compensé cette mesure par un relèvement de la taxe sur le gaz, pour un gain estimé à 1,2 milliard d’euros.
« Le gouvernement a choisi la facilité pour trouver de nouvelles recettes : taxer à nouveau l’électricité. Cette mesure est socialement injuste », s’est notamment agacé le socialiste Thierry Cozic. Le rapporteur général Les Républicains Jean-François Husson défendait la même suppression, tout en l’assortissant en contrepartie d’une augmentation de la taxe sur le gaz, notamment pour privilégier l’énergie décarbonée qu’est l’électricité. Selon lui, la facture des ménages chauffés au gaz augmenterait « d’environ 60 euros par an » pour une maison de 100 mètres carrés, alors que « pour une même maison chauffée à l’électricité », le manque à gagner atteindrait « 200 à 300 euros » avec la proposition gouvernementale.
Une « ligne rouge » pour le RN
Le gouvernement, en quête d’économies dans son budget, a donné un avis défavorable à ce rééquilibrage. « Nous préférons une augmentation de la TICFE (taxe sur l’électricité), avec un maintien de la baisse de la facture d’électricité, à une hausse de la taxe sur le gaz qui augmenterait de facto la facture de nos concitoyens », a lancé le ministre du Budget Laurent Saint-Martin . Il a rappelé que le gouvernement s’est « engagé » à faire baisser les factures d’électricité de 9% au 1er février pour 80% des Français. Cette baisse promise est en effet permise par le repli des prix de gros sur le marché de l’électricité, ce qui permettra au gouvernement de relever la taxe sur l’électricité sans que les factures augmentent au final.
L’exécutif avait introduit dans son projet de budget un dispositif lui permettant de relever cette taxe à un niveau potentiellement supérieur à celui d’avant-crise. À l’Assemblée nationale, une coalition des oppositions avec la droite avait également voté contre la mesure, rejetant même l’ensemble de l’article relatif à la fiscalité de l’électricité. Le Rassemblement national a notamment fait de cette mesure l’une de ses « lignes rouges » en vue d’une censure du gouvernement Barnier. À l’issue de son entretien avec Michel Barnier, lundi 25 novembre, Marine Le Pen a indiqué à la presse avoir « rappelé (au Premier ministre) que nous considérions que l’augmentation des taxes sur l’électricité est inadmissible ».