Bola Ahmed Tinubu se rendra en France jeudi pour une première visite d’État en 24 ans.
Cette visite du président nigérian est notamment motivée par des ambitions économiques.
Pour la France, ce pays représente un marché prometteur malgré les défis posés par l’insécurité et la corruption.
Une première en 24 ans. Le président du Nigeria Bola Ahmed Tinubu est attendu ce jeudi 28 novembre pour une visite d’État en France, quelques jours après celle de son homologue ghanéen. Une visite inédite depuis 2000, qui signale la volonté de Paris de diversifier ses partenariats en Afrique au-delà de sa zone d’influence francophone.
« Nous avons une politique de porte ouverte et nous voulons que vos investisseurs en profitent », expliquait récemment Bola Ahmed Tinubu sans cacher les ambitions très économiques de ce voyage. Cette visite « sera l’occasion d’approfondir la relation, déjà très dynamique, entre la France et le Nigeria (…) qu’il s’agisse de la transition énergétique, de la défense, de la culture, de l’éducation ou de l’innovation », a de son côté avancé l’Élysée, citée par plusieurs médias, dont le JDD .
Dès son élection en 2017, le président français, partisan d’un « renouveau » entre Paris et le continent africain, avait entrepris de voyager hors de la zone d’influence traditionnelle française, au Nigeria en 2018, en Éthiopie en 2019 ou en Afrique du Sud en 2021, tout en continuant à sillonner les anciennes colonies, notamment le Sahel, où son armée était engagée dans la lutte anti-jihadiste.
Une centaine d’entreprises françaises au Nigeria
Pays le plus peuplé, avec ses 220 millions d’habitants, et son PIB en tête du continent africain, le Nigeria représente un marché particulièrement prometteur malgré les défis posés par l’insécurité et la corruption. Outre le secteur pétrolier , où le groupe TotalEnergies est bien implanté, l’agriculture, la construction, la banque et les télécommunications se sont développés, tout comme l’industrie cinématographique et musicale.
La centaine d’entreprises françaises y emploie quelque 20.000 Nigérians et le pays représente 65% des investissements directs étrangers (IDE) français en Afrique de l’Ouest, avec l’accent mis sur des secteurs comme la tech ou les industries culturelles et créatives, selon Paris. À l’inverse, des banques nigérianes s’installent en France, comme First Bank, United Bank for Africa, suivies par Access Bank en 2024 et Zenith Bank prochainement.
Le France-Nigeria business council, lancé lors de la visite présidentielle en juillet 2018, joue un rôle de premier plan pour encourager les investissements. Ses membres, dont le milliardaire Aliko Dangote, doivent d’ailleurs être reçus dans la semaine par le président Macron , avant de rencontrer le patronat français avec de « gros contrats » en perspective, espère une source diplomatique à Paris.
Après l’Afrique de l’Ouest, la France entend renforcer ses liens avec l’Afrique de l’Est, où l’implantation française est moins établie, contrairement à ses concurrents asiatiques. Dans cette optique, le prochain sommet Afrique-France aura lieu à Nairobi au Kenya en 2026, une première dans un pays non francophone. Ce mercredi, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot s’est de son côté rendu en Éthiopie pour rencontrer les représentants de la commission de l’Union africaine dont le siège est à Addis Abeba.