Il a suffi de trois mentions aux droits du collectif « LGBTIQ+ », dans le document cadre final qui fixe les principes et objectifs du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), pour mettre le feu aux poudres. Le texte était soumis au vote des militants lors du congrès fédéral à Séville, dimanche 1er décembre. Les féministes dites « classiques » ont déposé un amendement pour qu’il soit harmonisé afin que n’apparaissent que les initiales LGBTI habituelles − sigle signifiant lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexués. Sans le « Q » de « queer », qui renvoie à l’auto-identification et à l’effacement des frontières de genre, ni le « + », lequel fait notamment référence aux personnes non binaires ou de genre fluide.
« Vive la lutte des femmes », ont lancé les féministes qui portaient cet amendement, lorsqu’il a été approuvé. Interviewée par le quotidien El Pais, la secrétaire socialiste chargée de l’égalité pour la ville de Madrid, Sonia Lamas, s’est félicitée de la mise au ban du « queerisme » qui, selon elle, « prône l’exploitation reproductive et la prostitution comme travail, ce qui est contraire aux valeurs socialistes ».
« Le féminisme a repris sa place dans le PSOE. Nous avons gagné. Nous avons déterré le langage queer », a réagi aussi sur le réseau social X la philosophe féministe Amelia Valcarcel, tenante du courant dit « classique », selon lequel il n’existe que le sexe biologique et non pas le sexe « ressenti ». Elle est régulièrement accusée de transphobie par le courant du féminisme dit « transinclusif ».
Un autre amendement a été approuvé pour que le PSOE s’engage à faire en sorte qu’« aucune personne de sexe [biologique] masculin ne puisse participer aux catégories sportives destinées aux femmes ». Cette déclaration d’intention a cependant peu de chances d’aboutir, car elle va à l’encontre de quatorze lois régionales qui permettent la participation des personnes transgenres dans les compétitions de leur choix, et elle ne représente en rien la position de l’actuel gouvernement de gauche.
Mise au point
« La lutte pour les droits ne peut laisser personne derrière elle. On ne lutte pas contre l’extrême droite avec les idées de l’extrême droite », a réagi le parti de la gauche alternative Sumar, partenaire du PSOE dans le gouvernement de coalition. « Le PSOE a approuvé le fait de défendre l’interdiction de la participation des femmes trans dans les compétitions féminines. C’est de la transphobie. Les femmes trans sont des femmes, qu’elles aient un pénis ou un vagin », a commenté l’ancienne ministre de l’égalité à l’origine de la « loi trans » et actuelle eurodéputée pour Podemos (gauche radicale), Irene Montero.
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