Depuis la dissolution ratée d’Emmanuel Macron, en juin, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, ne ménage plus le chef de l’Etat français. Fin août, elle avait fait pression pour qu’il renonce à envoyer Thierry Breton à Bruxelles, au moment où le président de la République tentait de trouver un premier ministre pour remplacer Gabriel Attal. Trois mois plus tard, elle s’apprête à signer l’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Marché commun du Sud (Mercosur) – composé de l’Argentine, du Paraguay, du Brésil, de l’Uruguay et de la Bolivie –, si décrié dans l’Hexagone, pendant que M. Macron cherche un remplaçant à Michel Barnier.
Sauf contretemps de dernière minute, cela devrait se conclure, vendredi 6 décembre, à Montevideo, à l’occasion d’un sommet des pays du Mercosur. Ursula von der Leyen attendait que les négociateurs des deux camps se soient entendus sur les derniers points encore ouverts – « tout est en ordre pour demain », faisait savoir son entourage, jeudi – avant de monter dans un avion à destination de la capitale uruguayenne.
Le déplacement ne figurait pas à son agenda jusqu’à ce que, jeudi 5 décembre, en fin de matinée, Mme von der Leyen fasse escale à Sao Paulo, au Brésil, et décide de l’annoncer sur X. « La ligne d’arrivée de l’accord UE-Mercosur est en vue. Travaillons, franchissons-la. Le plus grand partenariat d’investissement et de commerce que le monde ait jamais connu. Les deux régions en bénéficieront », s’est-elle félicitée sur le réseau social, au lendemain du vote de la motion de censure contre le gouvernement Barnier.
Un texte « inacceptable » pour Emmanuel Macron
Avant de repartir vers Montevideo, Ursula von der Leyen a également pris le temps d’échanger par téléphone avec Emmanuel Macron, qui lui a rappelé la position française. Le texte, « en l’état », a-t-il répété, « est inacceptable » tant qu’il n’intègre pas l’accord de Paris sur le climat, l’instauration de mesures miroirs, l’obligation faite aux pays du Mercosur de ne pas pratiquer de déforestation, celle d’une réciprocité dans l’accès aux marchés publics, la protection des filières agricoles…
Depuis l’été, les discussions entre la Commission, qui négocie au nom des Vingt-Sept, et le Mercosur se sont accélérées. En décembre 2023, déjà, Ursula von der Leyen pensait qu’un accord était à portée de main, mais elle avait dû renoncer in extremis. Emmanuel Macron – dont elle avait encore besoin pour être reconduite à la tête de la Commission, après les élections européennes du 9 juin – lui avait une nouvelle fois dit son opposition catégorique, tandis qu’à Buenos Aires, le président argentin sortant avait préféré laisser la main à son successeur, Javier Milei, tout juste élu mais pas encore en poste.
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