En Pologne, où il est en déplacement jeudi 12 décembre, le président de la République, Emmanuel Macron, a une nouvelle fois affiché son opposition à l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays de Mercosur. « Très clairement, nos agricultures ne seront pas les sacrifiées au fond d’un mercantilisme du siècle d’avant », a-t-il dit au côté du premier ministre polonais Donald Tusk, dont le pays s’oppose aussi à cet accord.
Cette sortie intervient six jours après le déplacement de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le 6 décembre en Uruguay où elle a annoncé l’accord trouvé les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay). « C’est un accord qui bénéficiera aux deux » parties et « apportera des bénéfices significatifs aux consommateurs et aux entreprises », s’est-elle réjouie à cette occasion.
C’est dans ce contexte que la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), premier syndicat agricole français, a maintenu la pression en prévenant jeudi qu’elle pourrait reprendre des actions de protestation. « A ce stade, on avait dit qu’on ne souhaitait pas prendre les fêtes de fin d’année en otage, parce qu’encore une fois, c’est le moment où les Français vont consommer nos produits, dont on est fiers. Mais force est de constater que là on est dans l’expectative, on ne sait pas où on va et on ne peut pas attendre. Donc, il est tout à fait possible qu’on se remette en action rapidement », a déclaré son président, Arnaud Rousseau, sur RTL.
A la question « avant la fin de l’année ? », il a répondu : « Oui, bien sûr. (…) Si on n’a pas de gouvernement, si le premier ministre n’est pas nommé, si nous n’avons pas d’interlocuteur, on ne peut plus attendre un an. Un an, c’est une période raisonnable pour obtenir des réponses. Nous n’en avons pas et nous ne voyons pas l’horizon se dégager », a-t-il expliqué.
Les agriculteurs considèrent que la censure et la chute du gouvernement Barnier ont suspendu la concrétisation des promesses faites aux syndicats depuis les grandes manifestations de l’hiver 2023.
Des permanences murées
Depuis, la mobilisation agricole s’est traduite par des actions devant des permanences de députés, murées ou visées par des déversements de fumier. Etaient surtout ciblés des élus du Nouveau Front populaire et du Rassemblement national, qui ont voté la censure gouvernementale.
Mercredi, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a condamné « fermement » ces actions qui ont visé, selon elle, plus de trente députés en l’espace d’une semaine. « Rien ne justifie la violence », a dit Arnaud Rousseau, interrogé sur RTL. « Je ne cautionne rien qui atteigne aux biens et aux personnes. Je dis simplement qu’on ne peut pas pousser les gens à bout et s’étonner de réactions qui vont au-delà de ce qui serait raisonnable. Et je demande que soit entendue la colère agricole depuis un an (…), bien sûr qu’on a peur que ça dérape, et on n’a jamais eu aussi peur », a-t-il affirmé.
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Les autorités avaient recensé, mercredi matin, huit actions dans autant de départements, mobilisant plus de 400 agriculteurs. Une participation éloignée de celles des premiers jours.
Jeudi, une cinquantaine d’agriculteurs avec vingt-cinq tracteurs ont bloqué la sortie d’Auch vers Toulouse à l’appel de la Coordination rurale (CR), érigeant avec des bottes de foin un « mur des cons », en référence aux politiques. Le mur est composé de 577 bottes, une pour chaque député, plus deux autres, « pour le président Macron et Mme von der Leyen », afin de « remercier nos politiques en totalité d’être des cons plutôt que des défenseurs du monde agricole français », selon le président de la CR du Gers et de la région Occitanie, Lionel Candelon. « Il faut qu’ils se mettent au travail, parce que les agriculteurs sont en train de crever, et ils ne vont pas crever en silence », a-t-il dit à l’Agence France-Presse.