Gilbert Montagné et le parolier Didier Barbelivien ne touchent plus de droits d’auteur pour On va s’aimer, tube des années 1980 reconnu comme plagiat au cours d’une bataille judiciaire franco-italienne qui dure depuis une vingtaine d’années.
« MM. Montagné et Barbelivien et les sociétés Universal ne peuvent bénéficier des revenus générés par l’œuvre contrefaisante On va s’aimer », a décidé la cour d’appel de Paris dans un arrêt du 9 octobre consulté lundi 16 décembre par l’Agence France-Presse (AFP), confirmant des informations de L’Informé.
Cette décision est le dernier épisode en date d’un feuilleton entamé en Italie. Il faut remonter en 1976 : sept ans avant la naissance du morceau emblématique de la variété française, chanté par Montagné, sort Une fille de France, chanson interprétée par le chanteur italien Gianni Nazzaro et éditée en France par la société Première Music Group. A la composition, Michel Cywie et, aux paroles, deux coauteurs : Jean-Max Rivière et… le faiseur de tubes Didier Barbelivien.
La chanson de Gilbert Montagné, On va s’aimer :
La chanson de Gianni Nazzaro, Une fille de France :
« Contrefaçon »
Les prémices judiciaires datent, elles, de 2002, quand Abramo Allione Edizioni Musicali, société éditrice d’On va s’aimer avec Universal Music Italia, se lance dans une procédure d’assignation en non-contrefaçon, censée faire reconnaître le caractère original de l’œuvre vis-à-vis d’Une fille de France. Or la manœuvre produit l’effet inverse : en 2008, le tribunal de Milan, en Italie, « juge que l’œuvre On va s’aimer constitue une contrefaçon de l’œuvre musicale Une fille de France », retrace la cour d’appel de Paris dans son arrêt.
La question centrale tourne désormais autour de l’attribution des rémunérations générées par On va s’aimer, objet d’un âpre combat devant les tribunaux. La justice italienne a estimé en 2017 le préjudice subi à 1,6 million d’euros, mais, à la suite de recours, l’affaire doit de nouveau être jugée.
La justice française, qui a progressivement reconnu les décisions transalpines, a donné gain de cause aux victimes de la contrefaçon en 2020, ordonnant à la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique de modifier son catalogue pour qu’elles perçoivent l’intégralité des droits d’auteur générés par On va s’aimer.
Après un pourvoi en cassation et un nouveau procès, la cour d’appel a, par son arrêt d’octobre, de nouveau donné raison au trio Rivière, Cywie et Première Music Group. Sollicités, les avocats des différentes parties n’avaient pas encore réagi dans l’immédiat.