Asiatiques, européens, orientaux… En France, plusieurs espèces de frelons envahissantes déciment les insectes et bouleversent la biodiversité.
En automne, les colonies meurent progressivement.
En hiver, il ne reste que les reines qui hibernent, attendant le redoux pour reprendre vie.
Ils deviennent notre pire cauchemar. Les frelons européens, asiatiques et orientaux envahissent l’Europe entière. Ces insectes sociaux prolifèrent très rapidement. Les oiseaux ou les mouches qui les attaquent n’en tuent pas assez pour limiter leur impact.
Eric Darrouzet, entomologiste et enseignant-chercheur à l’université de Tours, regrette que leurs prédateurs ne régulent pas la progression des frelons. Il qualifie ces frelons de « prédateurs généralistes ». Ils mangent tous les insectes qu’ils trouvent et déciment en particulier les abeilles.
Lorsque l’automne arrive, la reine ne pond plus d’ouvrières chargées de chercher de la nourriture et d’entretenir le nid. Elle fabrique des individus qui endossent le rôle de reproducteur. La population du reste du nid meurt progressivement, au fur et à mesure de la chute de la température. Les nuits en dessous de 5 °C achèvent les derniers insectes. « Une fois abandonnés, les nids se dégradent naturellement sous l’effet des intempéries », ajoute Eric Darrouzet. Complètement vides, ils deviennent inoffensifs et il ne sert à rien de les traiter.
Les futures reines hibernent
Les femelles fécondées se dispersent dans l’environnement. Appelées gynes, ces nouvelles reines cherchent un refuge abrité pour hiberner : un tronc d’arbre, la terre, un composteur, une toiture… Objectif, ralentir leur métabolisme pour survivre aux températures froides et garder avec elles une poche de spermatozoïdes transmis par les mâles désormais disparus. « Toutes les futures reines ne se réveillent pas. Beaucoup ne disposent pas de suffisamment d’énergie pour résister à l’hiver », rassure l’entomologiste. Si vous en trouvez une par inadvertance, elle reste trop faible pour se défendre. Mais les chercher revient à inspecter une botte de foin pour y débusquer une aiguille…
Au printemps, la priorité absolue des survivantes consiste à trouver du sucre. « Elles doivent en urgence reconstituer leurs réserves corporelles et trouver de l’énergie », décrit Eric Darrouzet. Elles fondent ensuite leur nid ou piquent le nid que vient de construire une autre reine pour établir leur nouvelle colonie. Elles commencent seulement à pondre pour donner naissance à des ouvrières capables de consolider le nid et d’apporter de la nourriture. Mais impossible de pondre avant avril : la saison froide tuerait automatiquement les ouvrières en mission.
Il apparaît néanmoins que le dérèglement climatique favorise l’implantation de ces espèces sur de plus hautes latitudes (les frelons orientaux auraient réussi à remonter jusqu’en Allemagne).
À noter que de leur côté, les abeilles survivent à l’hiver. Pour se protéger du froid, elles doivent produire suffisamment de chaleur dans leur ruche. Elles forment des grappes qui remplissent tous les espaces entre les rayons de la ruche. Elles se blottissent dans les cellules vides.