L’Allemagne est l’exemple type de tout ce qui ne va pas dans l’économie européenne. Le PIB est en passe de chuter pour la deuxième année consécutive. La chimie et la métallurgie sont au bord du gouffre. Volkswagen et ThyssenKrupp ont annoncé des fermetures d’usine sans précédent. Ce qu’il faut comprendre, c’est que ces problèmes sont le revers de réussite antérieure de l’Allemagne. Les fondements institutionnels qui l’ont permise au XXe siècle engendrent aujourd’hui ce malaise économique.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, l’Allemagne de l’Ouest a développé un ensemble d’institutions économiques et politiques idéalement adaptées aux conditions de l’époque. Mettant le cap sur la fabrication de produits de qualité et leur exportation, les décideurs politiques ont mis en place des programmes de formation professionnelle et d’apprentissage et l’industrie allemande a doublé la production de véhicules et de biens d’équipement.
Pour financer cette industrie, un système financier fondé sur les banques a été mis en place. Pour garantir l’harmonie sociale dans les entreprises, on a mis au point un système de cogestion. Pour chasser les maux politiques du passé (extrémisme, fragmentation parlementaire…), un scrutin proportionnel a été mis en place.
Investir dans l’enseignement supérieur
Le résultat a été heureux : ce fut le Wirtschaftswunder, le miracle de la croissance du troisième quart du XXe siècle. Malheureusement, ces mêmes institutions se sont avérées extrêmement difficiles à modifier lorsque les circonstances ont changé. Alors que la fabrication de qualité s’est heurtée à de nouveaux concurrents, notamment chinois, les entreprises ont continué à investir massivement dans cette stratégie. Les tentatives visant à modifier l’organisation du lieu de travail et à fermer les usines non rentables ont été bloquées par la cogestion.
Les banques encroûtées, habituées à traiter avec des clients établis de longue date, se sont avérées mal équipées pour financer des start-up dans de nouveaux secteurs. La proportionnelle a produit des coalitions politiques instables lorsque les électeurs se sont déplacés vers les extrêmes.
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