Quarante-six personnes ont été tuées par des frappes aériennes pakistanaises dans l’est de l’Afghanistan, a rapporté, mercredi 25 décembre, le porte-parole du gouvernement taliban, Zabihullah Mujahid. « [Mardi] soir, des frappes pakistanaises ont été menées dans le district de Barmal, dans la province de Paktika », a déclaré le porte-parole à l’Agence France-Presse. « Le nombre total de martyrs est de quarante-six, dont la plupart sont des enfants et des femmes », a ajouté Zabihullah Mujahid, précisant qu’il y avait également « six blessés ».
Le ministère de la défense afghan a dénoncé des frappes « barbares » et promis de riposter à cette « agression claire ». « L’Emirat islamique [d’Afghanistan] ne laissera pas cette attaque lâche sans réponse, mais considérera plutôt la défense de son territoire et sa souveraineté comme étant un droit inaliénable », a affirmé le ministère dans un communiqué publié mardi soir.
Une frontière très poreuse
Depuis le retour au pouvoir des talibans à Kaboul en 2021, les relations frontalières entre les deux pays se sont envenimées. Le Pakistan affirme que des groupes armés, tels les talibans pakistanais du Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP), mènent des attaques planifiées depuis le sol afghan, à travers une frontière très poreuse. Samedi, seize soldats pakistanais ont été tués dans une attaque revendiquée par les talibans pakistanais contre une base militaire, près de la frontière avec l’Afghanistan.
D’après Zabihullah Mujahid, des réfugiés du Waziristan figurent parmi les victimes des frappes de mardi. Le Waziristan est l’une des ex-zones tribales semi-autonomes du nord-ouest du Pakistan, où l’armée pakistanaise a mené de nombreuses opérations contre les insurgés liés à Al-Qaida et aux talibans après l’invasion en 2001 de l’Afghanistan par les Etats-Unis.
De nombreuses personnes originaires des zones tribales s’étaient réfugiées en Afghanistan après le lancement en 2014 d’une opération militaire qui avait permis d’en chasser le TTP. Des tirs de l’armée pakistanaise contre l’est de l’Afghanistan en avril 2022 avaient fait une cinquantaine de morts, Islamabad ayant exigé de Kaboul « des mesures sévères » contre les militants qui attaquent son territoire.