« Il doit y avoir un avant et un après. » Lorsqu’elle l’a prononcé, le 13 janvier 2015, Najat Vallaud-Belkacem ignorait sans doute à quel point cette phrase se révélerait juste. Lorsque la ministre de l’éducation nationale d’alors fait cette déclaration, dans la foulée des attentats dans les locaux de Charlie Hebdo, à Montrouge (Hauts-de-Seine) et à l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, à Paris, l’école n’a pas encore été directement touchée par les attaques. Elle va pourtant être placée au cœur de la réponse politique au drame.
Le système scolaire restera durablement marqué par les attentats des 7, 8 et 9 janvier 2015, qui cristallisent sur lui une double responsabilité : celle d’avoir vu passer sur ses bancs les frères Chérif et Saïd Kouachi, dont la dérive radicale est rapidement considérée comme une faillite de l’école ; mais aussi celle de former les citoyens, de leur apprendre la laïcité et le vivre-ensemble, missions dont la société semble avoir perçu, dans cette série d’attaques, la preuve d’un échec.
A la fois tenue pour responsable et sommée de trouver des solutions, l’école est alors mise face à des injonctions légitimes mais difficiles à articuler – renouer le dialogue et faire preuve de fermeté ; éduquer les esprits et signaler la radicalisation – sur fond d’angoisse collective, et dans un contexte de très forte menace djihadiste. Depuis 2015, cette pression n’a fait que se renforcer tandis que les enseignants devenaient les cibles privilégiées du terrorisme islamiste, qui a coûté la vie à deux professeurs, Samuel Paty et Dominique Bernard, assassinés en 2020 et 2023, aux abords de leurs établissements.
Il vous reste 86.9% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.