Février 2023. Jack Lang, candidat à sa succession à la tête de l’Institut du monde arabe, agite un argument imparable pour s’assurer un quatrième mandat : une refonte complète du bâtiment de Jean Nouvel voué à devenir, selon ses mots, « le plus important musée d’art moderne et contemporain arabe en Occident ». Rien de moins. Profitant d’un don de 2 000 œuvres consenti en 2021 par un couple de marchands, Claude et France Lemand, l’ex-ministre de la culture ambitionne de réveiller un musée anémié, assombri par la scénographie obsolète de Roberto Ostinelli. Tout en dégageant des vues occultées sur la Seine, le projet prévoit alors de couvrir le patio pour conquérir quelque 300 mètres carrés d’exposition supplémentaires. Pour mener à bien ce chantier, Jack Lang a même convaincu Matignon de lui allouer une enveloppe inédite de 6 millions d’euros, prélevée sur les crédits du ministère de la culture.
Rien ne s’est toutefois passé comme prévu. « En définitive, quatre ans après la donation et deux ans après le versement de la subvention allouée sur le budget du ministère de la culture, le financement du projet [demeure] incertain », écrivaient en décembre les magistrats de la Cour des comptes dans un rapport mi-figue mi-raisin. Tout en saluant une programmation dynamique et foisonnante, ainsi que l’engagement de tous les instants de Jack Lang, les juges de la Rue Cambon épinglent le déficit d’exploitation chronique de l’établissement ainsi qu’une portée diplomatique jugée floue.
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