« Désolé, TikTok n’est pas accessible à l’heure actuelle. » Depuis samedi 18 janvier au soir aux Etats-Unis, le message s’affiche sur la populaire application qui a cessé de fonctionner pour se conformer à une loi d’interdiction supposée entrer en vigueur dimanche.
Le réseau social chinois avait annoncé, vendredi, qu’il suspendrait ses services, faute de garanties du gouvernement Biden. Le président élu Donald Trump, qui s’était montré plus conciliant avec la plateforme, ne peut pas intervenir avant sa prise de fonction, lundi.
« Une loi interdisant TikTok a été mise en application aux Etats-Unis », explique le message en cas de tentative de connexion. « Cela signifie que vous ne pouvez plus utiliser TikTok pour l’instant. »
La suspension du réseau social intervient au lendemain d’une décision de la Cour suprême américaine ayant conforté la loi interdisant la plateforme adoptée en mars dernier par le Congrès au nom de la sécurité nationale. La décision de la plus haute juridiction américaine était intervenue à un peu plus de trente-six heures de la limite imposée par le Congrès à ByteDance pour vendre sa filiale.
« Restez à l’écoute ! »
Vendredi, la Maison Blanche a estimé que « l’application de la loi [devait] revenir au prochain gouvernement, qui prendra ses fonctions lundi », selon une déclaration de la porte-parole Karine Jean-Pierre.
« Nous avons la chance que le président Trump ait indiqué qu’il travaillerait avec nous sur une solution pour rétablir TikTok une fois qu’il aura pris ses fonctions », encourage le message de la plateforme chinoise sur les écrans de ses utilisateurs, concluant par : « Restez à l’écoute ! »
Depuis vendredi, TikTok avait exhorté le gouvernement Biden à envoyer un signal clair aux fournisseurs d’internet et gestionnaires de boutiques d’applications pour les dissuader de suspendre téléchargements et mises à jour. Le ministère de la justice américain a fait, de son côté, savoir que la mise en œuvre du texte voté par le Congrès contraignant la maison mère chinoise ByteDance à vendre TikTok sous peine d’interdiction, allait s’étaler dans le temps.
Ces déclarations « n’ont pas apporté les clarifications et l’assurance nécessaires aux fournisseurs d’internet qui sont cruciaux pour préserver la disponibilité de TikTok à 170 millions d’Américains », a estimé la plateforme.
Un report de 90 jours possible
La loi imposait théoriquement aux prestataires de bloquer téléchargements et mises à jour dans la nuit de samedi à dimanche à partir de minuit, heure de la côte est américaine (6 heures à Paris, dimanche). Le texte rend les boutiques d’application passibles d’une amende pouvant aller jusqu’à 5 000 dollars par utilisateur, soit 850 milliards de dollars (827 milliards d’euros environ) en se basant sur le nombre d’utilisateurs.
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La loi prévoit la possibilité pour le président de suspendre l’entrée en vigueur pour 90 jours. Karine Jean-Pierre a qualifié la dernière déclaration de TikTok de « manœuvre ». « Nous ne voyons pas de raison pour TikTok ou d’autres sociétés d’agir avant la prise de fonction du gouvernement Trump, lundi ».
Saisie par TikTok en dernier recours, la Cour suprême américaine a refusé vendredi, à l’unanimité, de suspendre la loi. Les neuf hauts magistrats ont estimé que les inquiétudes du Congrès « en matière de sécurité nationale » étaient « bien fondées ».
Les élus américains avaient justifié le vote de la loi par la nécessité d’empêcher les autorités chinoises d’accéder aux données d’utilisateurs américains ou de manipuler l’opinion aux Etats-Unis. Mais si la plateforme faisait l’objet d’une franche hostilité de la part de beaucoup d’élus américains il y a un an, le vent a tourné depuis et un consensus politique s’est dégagé ces derniers jours, favorable à la préservation de TikTok.
Samedi, Donald Trump a déclaré qu’il étudierait de près le dossier une fois investi, lundi, et qu’un « report de 90 jours [serait] probablement décrété ». « Si je le décide, ce sera probablement lundi », a précisé, lors d’un entretien à la chaîne NBC, le républicain, qui avait tenté lors de son premier mandat de faire interdire TikTok, en vain.
Des investisseurs intéressés par un rachat de TikTok
La suspension n’est théoriquement possible que si des éléments tangibles rendent une vente crédible. Or, jusqu’ici, ByteDance a toujours officiellement refusé de céder son joyau, même si plusieurs investisseurs se sont manifestés.
L’homme d’affaires Frank McCourt est ainsi prêt à mettre 20 milliards de dollars sur la table avec d’autres partenaires, pour les activités américaines de l’application, sans son puissant algorithme.
Samedi, la start-up d’intelligence artificielle (IA) Perplexity AI a soumis à ByteDance une proposition de fusion avec la filiale américaine de TikTok, a fait savoir, à l’Agence France-Presse, une source proche du dossier, qui valoriserait le réseau social au moins 50 milliards de dollars.
Donald Trump a évoqué TikTok lors d’une conversation téléphonique vendredi avec le président chinois, Xi Jinping. Et le patron du réseau social, Shou Chew, fait partie des invités d’honneur pour sa cérémonie d’investiture lundi.