Au lendemain du procès du jeune homme inculpé pour le meurtre de trois fillettes à Southport, en Angleterre, à la fin de juillet, le premier ministre britannique, Keir Starmer, s’est dit prêt, mardi 21 janvier, à changer la loi pour mieux lutter contre « un terrorisme [qui] a changé ».
L’attaque au couteau, qui avait provoqué les pires émeutes au Royaume-Uni depuis treize ans, n’est pourtant pas jugée comme un acte « terroriste ». Mais « si la loi doit être modifiée pour tenir compte de cette nouvelle et dangereuse menace, nous la modifierons rapidement », a déclaré M. Starmer lors d’une conférence de presse. « La vérité, c’est que cette affaire est le signe que le [Royaume-Uni] est confronté à une nouvelle menace. Le terrorisme a changé », a ajouté le premier ministre, qui avait promis la veille d’apporter des « réponses » à ce drame.
« Dans le passé, la menace prédominante était constituée par des groupes très organisés ayant des intentions politiques claires, des groupes comme Al-Qaida », a poursuivi le dirigeant travailliste. « Si cette menace demeure, nous assistons aujourd’hui à des actes de violence extrême perpétrés par des loups solitaires, des marginaux, de jeunes hommes dans leur chambre à coucher qui consultent toutes sortes de choses sur Internet (…), parfois inspirées par des groupes terroristes traditionnels », a-t-il détaillé.
Peine prononcée jeudi
Lundi, à l’ouverture de son procès, Axel R., 18 ans, a plaidé coupable pour le meurtre de Bebe King, 6 ans, Elsie Dot Stancombe, 7 ans, et Alice da Silva Aguiar, 9 ans, poignardées le 29 juillet à Southport (nord-est de l’Angleterre) lors d’un cours de danse. Dix autres personnes avaient été blessées dans l’attaque, dont huit enfants. Ce plaider-coupable a écourté le procès, qui devait initialement durer quatre semaines. L’inculpé connaîtra sa peine jeudi.
Ce dernier, âgé de 17 ans au moment des faits, était connu des services sociaux et de la police depuis plusieurs années. Diagnostiqué autiste, il avait été exclu de son école à la suite de l’agression d’un autre élève, et ses enseignants s’étaient inquiétés de son comportement à plusieurs reprises. Il avait notamment été signalé dès l’âge de 13 ans, et à trois reprises, à un programme gouvernemental de prévention de l’extrémisme. Mais chaque fois il avait été jugé qu’il ne remplissait pas les conditions pour être concerné. « Une décision clairement erronée », a critiqué le dirigeant travailliste, qui a prévenu qu’il ne laisserait « aucune institution de l’Etat faire fi de ses manquements ».
A son procès, Axel R. a également admis avoir produit un poison extrêmement toxique, de la ricine, et avoir détenu un manuel d’entraînement d’Al-Qaida. Après le drame, de violentes manifestations anti-immigration avaient éclaté dans des dizaines de villes en Angleterre et en Irlande du Nord, attisées par des agitateurs d’extrême droite, après des rumeurs en ligne affirmant que le suspect était un demandeur d’asile arrivé sur un bateau de fortune. Or Axel R. est né au Pays de Galles, dans une famille originaire du Rwanda.
Dans la foulée du procès, lundi, la ministre de l’intérieur, Yvette Cooper, a annoncé l’ouverture d’une enquête publique sur l’action des services de l’Etat concernant cette attaque. « Nous avons besoin de réponses indépendantes », a-t-elle dit. Cette décision a été saluée par la cheffe de l’opposition, Kemi Badenoch, qui a toutefois, comme le chef du parti anti-immigration Reform UK, Nigel Farage, dénoncé le « silence » du gouvernement sur le profil d’Axel R. dans la foulée de l’attaque.
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Des accusations balayées par Keir Starmer. Cet ancien procureur général pour l’Angleterre et le Pays de Galles a affirmé, mardi, que la divulgation d’informations pendant l’instruction aurait mis en péril le procès et le jugement. « Personne ne m’aurait pardonné si je l’avais fait », s’est-il défendu, assurant s’être conformé à la loi britannique.