La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a rejeté, mardi 21 janvier, la requête de Calin Georgescu, candidat d’extrême droite qualifié pour le deuxième tour de l’élection présidentielle en Roumanie à la fin de 2024, qui contestait l’annulation du scrutin.
La Cour constitutionnelle roumaine avait annulé le scrutin en décembre. Les autorités accusaient M. Georgescu d’avoir bénéficié d’une campagne de soutien illicite sur la plateforme TikTok. Le candidat avait déposé sa requête le 16 décembre devant la CEDH au nom du droit à des élections libres. Il avait invoqué l’article 39 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui permet à la cour de prendre des mesures « provisoires » en urgence, explique l’institution de Strasbourg dans un communiqué.
Mais à l’unanimité des sept juges saisis pour cette affaire, la cour a rejeté « la demande de M. Georgescu au motif qu’elle ne relève pas du champ d’application de l’article 39 ». « La Cour ne prononce des mesures provisoires qu’en présence d’un risque imminent d’atteinte irréparable à l’un des droits protégés par la Convention », rappelle-t-elle. « De telles mesures ne peuvent d’ailleurs être adoptées que dans des circonstances exceptionnelles. » Cet arrêt ne préjuge pas des décisions ultérieures sur la recevabilité ou sur le fond des affaires en question, rappelle encore la cour.
Nouvelle présidentielle prévue en mai
M. Georgescu a dénoncé « un coup d’Etat » et ses partisans sont descendus massivement dans la rue au début de janvier pour dénoncer un « vote volé ». Arrivé à la surprise générale en tête du premier tour de l’életion présidentielle, le 24 novembre, le candidat nationaliste demandait la suspension de l’annulation du scrutin « jusqu’à ce que la cour ait statué sur la requête dont il l’avait saisie », explique la CEDH. Cela afin, selon lui, « de prévenir une atteinte irréparable à ses droits démocratiques et à ceux des citoyens roumains », ajoute la cour. M. Georgescu entendait ainsi « obliger le gouvernement roumain à reprendre le processus électoral en respectant les résultats du premier tour et à organiser le second tour de l’élection présidentielle ».
L’annulation du scrutin a créé un choc en Roumanie où le pouvoir a déclassifié des documents des services de renseignements étayant les accusations sur le rôle de TikTok dans la campagne, avec la Russie dans le viseur. « Un candidat a illégalement bénéficié d’une promotion passive et a déclaré zéro euro de dépenses », avait dénoncé le président sortant, le pro-européen Klaus Iohannis. « Sa campagne a, en outre, été soutenue par un Etat étranger. Il s’agit de choses graves. » La semaine dernière, le gouvernement roumain a fixé au mois de mai les dates de la nouvelle élection présidentielle. Le premier tour aura lieu le 4 mai et un second tour, le 18 mai, si aucun candidat ne remporte plus de la moitié des suffrages.
Critique de l’UE et de l’OTAN, Calin Georgescu s’est déclaré en faveur d’un arrêt total de l’aide militaire à l’Ukraine voisine. La CEDH, qui émane du Conseil de l’Europe, est chargée de faire respecter les valeurs de la démocratie et des droits de l’homme dans ses 46 pays membres.