Sandrine Pissarra, 54 ans, est jugée depuis ce lundi devant les assises de l’Hérault pour avoir laissé mourir de faim sa fille Amandine, âgée de 13 ans en 2020.
Après avoir nié pendant quatre ans, la mère de famille a enfin reconnu des violences.
Elle encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Coups, privations de nourriture, humiliations… Face aux nombreuses accusations la visant, Sandrine Pissarra a enfin reconnu les faits. Depuis lundi 20 janvier, cette mère de famille de 54 ans est jugée à Montpellier pour des « actes de torture ou de barbarie ayant entraîné la mort sans intention de la donner », notamment pour avoir volontairement « affamé » sa fille Amandine, âgée de 13 ans lors de son décès en 2020.
Avant de suspendre l’audience mardi, le président de la cour, Eric Emmanuelidis, fait diffuser un enregistrement audio, effectué en 2019 par des voisins. On distingue la voix de Sandrine Pissarra et les cris, les pleurs et les sanglots d’Amandine. « Madame, reconnaissez-vous les violences commises sur Amandine entre 2014 et le 17 mars 2020 », date du début du confinement dû au Covid, demande alors le magistrat. « Oui », répond pour la première fois la mère de famille.
« Ainsi que les actes de torture et de barbarie commis entre le 17 mars et le mois d’août, notamment les humiliations, de l’avoir confinée dans une pièce pendant des semaines, de l’avoir affamée ? », poursuit-il. « Oui, je reconnais », répond Sandrine Pissarra, sans donner davantage d’explications. « C’est la première fois que je vous vois pleurer », relève le magistrat. Dans la foulée, son compagnon, Jean-Michel Cros, 49 ans, qui encourt 30 ans de réclusion pour avoir « privé de soins ou d’aliments » sa belle-fille, reconnaît également les faits. « J’ai une culpabilité énorme là-dessus », avoue-t-il.
C’est du totalitarisme familial
C’est du totalitarisme familial
Eric Emmanuelidis, président de la cour
Longuement interrogée comme témoin mardi, avant ces aveux soudains, une autre de ses filles, Cassandra, 28 ans, avait raconté les violences et les privations de nourriture subies pendant l’enfance. « Un jour, ma mère m’a ouvert la tête avec un manche de balai », se souvient la jeune femme, qui n’avait jamais osé dénoncer ces faits. « Personne ne pouvait nous sauver, on ne pouvait qu’attendre nos 18 ans pour prendre notre envol et espérer que ceux qui restent survivent ».
Ce que vous décrivez, « c’est du totalitarisme familial », lui fait remarquer le président de la cour, en évoquant l’ambiance instaurée par la mère de huit enfants, de trois pères différents. Entendu à sa suite, son frère Jérémy, 29 ans, décrit également les violences encaissées jusqu’à son départ de la maison, à 18 ans. Pour avoir fait tomber « un gros pot en céramique », sa mère l’étrangle.
Le 6 août 2020, jour de son décès d’un arrêt cardiaque, au domicile familial de Montblanc (Hérault), Amandine ne pesait plus que 28 kg pour 1,55 m. Sandrine Pissarra encourt la réclusion criminelle à perpétuité, lors d’un verdict attendu vendredi au plus tard.