Au moins trente mois de prison, dont quinze avec sursis, ont été requis contre Rodrigue Petitot, leader du mouvement contre la vie chère en Martinique. L’homme comparaissait mercredi 22 janvier devant le tribunal correctionnel de Fort-de-France, notamment pour des « menaces et actes d’intimidation » envers le préfet du territoire.
La procureure Odile de Fritsch a requis contre le leader du Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC) « une peine qui ne sera pas inférieure à trente mois d’emprisonnement, dont quinze maximum » avec sursis, assortie d’un sursis probatoire de deux ans et d’un maintien en détention.
Elle a en outre demandé au tribunal la confiscation des biens saisis et que soit prononcé à son encontre une interdiction de s’approcher de la résidence préfectorale et d’entrer en contact avec les victimes qui se sont constituées parties civiles.
Il est reproché à M. Petitot, surnommé « Le R » par ses soutiens, de s’être introduit sans autorisation avec trois autres militants dans la résidence préfectorale le 11 novembre, en marge d’une visite ministérielle, et de s’en être pris verbalement au représentant de l’Etat Jean-Christophe Bouvier.
« C’est le procès de l’atteinte à l’autorité de l’Etat », a indiqué la procureure en débutant son réquisitoire. « Il s’agit d’une rébellion en réunion parfaitement constituée », selon elle.
Déjà condamné à dix mois de prison ferme
Murielle Renar-Legrand, bâtonnière du barreau de Fort-de-France et avocate de quatre policiers qui se sont constitués parties civiles, a, avant elle, dénoncé dans sa plaidoirie les « dérives insupportables » d’un mouvement pourtant « parfaitement légitime ». « M. Petitot n’est pas un Robin des bois, il n’est pas Nelson Mandela. C’est juste un prévenu de droit commun », a-t-elle affirmé.
« On veut incarcérer le symbole de la vie chère », avait au contraire soutenu le prévenu la veille depuis son box. « Tout est fait pour éteindre le vrai combat », a t-il estimé. « Je ne reconnais pas être auteur de violation de domicile. Je suis arrivé, la barrière était ouverte », a-t-il par ailleurs soutenu devant le tribunal.
Le visionnage durant l’audience d’images de la caméra de surveillance et de plusieurs vidéos de l’incident a permis de confirmer ce point. Les trois autres militants mis en cause dans l’incident seront jugés le 31 mars.
Dans un dossier différent, Rodrigue Petitot avait été reconnu coupable début décembre d’intimidation à l’encontre de maires de Martinique et condamné à dix mois de prison ferme aménageable.
Des émeutes ont éclaté à plusieurs reprises ces derniers mois en Martinique, île des Antilles où les denrées alimentaires sont en moyenne 40 % plus chères que dans l’Hexagone, selon l’Insee.