Tony Parker, nouvel ambassadeur du « soft power » congolais

Homme d’affaires depuis sa retraite de basketteur en 2019, Tony Parker se lance un défi à la hauteur de son statut d’ex-champion d’exception : « changer la mauvaise image que le monde a sur la République démocratique du Congo » (RDC) et convaincre entreprises et particuliers d’y investir. L’objectif est ambitieux. Le marché congolais est potentiellement considérable au regard de ses richesses minérales colossales et de ses quelque 100 millions d’habitants. Mais la RDC est pauvre (1 600 dollars de PIB par habitant, le 49^e d’Afrique) et traîne une image très dégradée en termes d’environnement des affaires : elle pointe au 15^e rang mondial des pays les plus corrompus dans le classement 2023 de l’ONG Transparency International.

Pour tenter de refaçonner son image, l’ancien joueur de l’équipe américaine des San Antonio Spurs, quadruple champion de NBA, a donc animé une soirée, mardi 21 janvier, dans les salons de l’hôtel Renaissance, proche de l’Arc de Triomphe, à Paris. Certes, ni « Xavier Niels » (sic), PDG de Free et actionnaire à titre individuel du Monde – participant annoncé sous réserve de confirmation, mais « pas au courant » de cet événement –, ni Bernard Arnault, patron du groupe LVMH, n’étaient de ces « acteurs économiques internationaux de haut rang » évoqués sur la plaquette de présentation.

Toutefois, quelque 200 personnes seraient venues, selon l’agence de communication congolaise B360 Agency, organisatrice de l’événement en partenariat avec l’Agence nationale pour la promotion de l’investissement (Anapi), un organisme officiel congolais. Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement et ministre de la communication et des médias, avait également fait le déplacement.

Tony Parker semble avoir découvert la RDC en septembre 2024 lors d’une visite de prospection. Celle-ci répondait à « une envie ancienne d’investir sur le continent » après une expérience malheureuse en Angola. Le président congolais, Félix Tshisekedi, l’avait alors nommé « ambassadeur exclusif [de la RDC] pour les cinq prochaines années ». Une ambassade totalement honorifique, très portée sur le business. « Son mandat comprend la mise en relation de partenaires économiques, la promotion du pays et la capacité de contracter des affaires en accord avec le président », détaille Afi Kolokey, cheffe de projet à B360 Agency.

Sur le plan personnel, l’ancien joueur se consacre dans un premier temps « au secteur du sport et de l’entertainment », a-t-il expliqué pendant la soirée. Il projette ainsi d’ouvrir prochainement une académie de basket et scrute attentivement le secteur immobilier.

Un contrat avec le Milan AC

La RDC multiplie les événements pour développer son « soft power » à l’international. Tony Parker bénéficie d’une notoriété marketing certaine, mais il n’est pas le seul dans le viseur congolais.

Le 20 septembre 2024, Kinshasa a ainsi annoncé la signature d’un « contrat de partenariat pour trois ans » avec le club de football du Milan AC afin de promouvoir le tourisme en RDC. « Le logo “Explorez la RDC, cœur de l’Afrique” sera affiché sur les maillots lors des matchs officiels », expliquait alors un communiqué. A ce jour, rien n’est encore apparu sur les tenues des footballeurs italiens. Ce partenariat est censé « matérialiser la vision du président de la République visant à transformer la RDC en pays dynamique, attractif et influent sur la scène internationale », ajoutaient les autorités congolaises.

Dans cette course à l’attractivité, la RDC et son ambassadeur Tony Parker partent avec un très sérieux handicap face au Rwanda. Depuis une dizaine d’années, le voisin du Congo, minuscule en comparaison (huit fois moins peuplé, près de cent fois moins grand), vend avec succès sa marque « Visit Rwanda » à l’international. Au grand dam de la RDC, qui ne comprend pas pourquoi Kigali bénéficie d’un tel capital sympathie alors que plusieurs milliers de ses soldats participent directement à une guerre ouverte aux côtés de rebelles contre l’Etat congolais dans l’est du pays.

Et pourtant, le logo « Visit Rwanda » s’affiche bien, lui, sur les maillots de certaines des plus grandes équipes de football européen (Arsenal, Bayern Munich, Paris Saint-Germain…). Le Rwanda accueillera le prochain championnat du monde de cyclisme, du 21 au 28 septembre. Il s’est aussi imposé comme le lieu de prédilection de conférences internationales. Kigali est ainsi devenu, en 2023, la deuxième destination d’Afrique, Maghreb compris, pour l’organisation de ces grandes manifestations, derrière la ville sud-africaine du Cap.