Plus de 500 milliards de dollars (477 milliards d’euros) de valorisation boursière perdus en une journée… C’est le record historique que pourrait battre Nvidia, dont le cours perdait, lundi 27 janvier, plus de 16 % à Wall Street à 17 heures à Paris. Si le leader mondial des processeurs spécialisés pour l’intelligence artificielle (IA) dévisse ainsi, c’est parce que les marchés sont impressionnés par DeepSeek, une start-up chinoise qui a publié un modèle aux performances comparables à celles des leaders OpenAI ou Google, mais à un coût de développement inférieur en calcul informatique.
Le choc est massif : 1 000 milliards de dollars au total pourraient partir en fumée. L’indice Nasdaq plongeait de 3,52 %. L’équipementier européen de puces électroniques ASML tombait de 7 %, le fabricant franco-italien de composants STMicroelectronics de 2,06 %.
L’investisseur japonais SoftBank, qui avait bondi à l’annonce, par le président américain Donald Trump, le 21 janvier, de sa participation au gigantesque projet de data centers Stargate, prévoyant 500 milliards de dollars d’investissement, chutait aussi de 6 %. A Paris, les équipementiers électriques Schneider Electric (– 9,49 %) et Legrand (– 7,03 %) plongeaient également lundi.
« OpenAI pourrait devenir le WeWork de l’IA »
Les montants vertigineux sont des reflets des valorisations stratosphériques des valeurs liées à l’IA, depuis longtemps décrites comme une « bulle ». Mais ils reflètent aussi l’ampleur de la réflexion – voire de la panique – qui a saisi les marchés. « DeepSeek R1 est le moment Spoutnik de l’IA », a lancé, dimanche sur la plateforme X, Marc Andreessen, un des capital-risqueurs les plus connus de la Silicon Valley, en référence au lancement, en 1957, du premier satellite soviétique. « Cela ressemble à l’irruption des voitures japonaises dans les années 1960 », lui a répondu un internaute.
En effet, DeepSeek semble faire aussi bien que les Américains, mais avec moins de ressources. Selon ses créateurs, le coût d’entraînement de son modèle V3 ne dépasse pas 5,5 millions de dollars, soit environ deux mois de calcul informatique sur 2 000 puces Nvidia H800. En comparaison, GPT-4, lancé en mars 2023, a coûté plus de 100 millions de dollars, a expliqué OpenAI, qui dépense 5 milliards par an en calcul, selon The Information. Son rival Anthropic évoquait récemment des coûts d’entraînement dépassant 1 milliard de dollars par modèle.
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