L’origine précise des feux qui ont frappé les environs de Los Angeles au début de l’année – les pires de l’histoire de la mégapole californienne – fait toujours l’objet d’investigations. Ce qui s’avère certain est que la combinaison explosive de la sécheresse de la végétation et de vents puissants favorise la survenue d’incendies violents.
Or cette configuration a été rendue environ 35 % plus probable à Los Angeles en raison du changement climatique, estime le réseau d’experts scientifiques du World Weather Attribution (WWA) dans une analyse publiée mardi 28 janvier.
« Le changement climatique d’origine humaine a aggravé les terribles incendies de Los Angeles en réduisant les précipitations pluvieuses, en asséchant la végétation et en augmentant le chevauchement entre les conditions de sécheresse propices aux incendies et les vents puissants de Santa Ana », qui soufflent en hiver, détaille le WWA dans un communiqué.
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En raison du réchauffement climatique, « les conditions de sécheresse s’étendent de plus en plus dans l’hiver, ce qui augmente le risque qu’un incendie se déclare au moment des vents forts de Santa Ana, qui peuvent transformer de petits départs de feu en brasiers mortels », explique Clair Barnes de l’Imperial College London, l’une des expertes ayant participé à l’étude.
Par ailleurs, les pluies d’octobre qui marquaient historiquement la fin de la saison des feux se sont raréfiées. Les précipitations enregistrées entre octobre et décembre ont diminué au cours des dernières décennies, relève l’étude. Les vents chauds et secs de Santa Ana surviennent généralement en Californie entre l’automne et le printemps.
« Cocktail explosif »
Selon les chercheurs, la saison des feux à Los Angeles s’allonge donc et devient « plus dangereuse ». « Les conditions de sécheresse hautement propices à un incendie durent maintenant en moyenne vingt-trois jours de plus chaque année que par rapport au climat préindustriel », précise leur rapport.
Ces feux se sont déclarés début janvier aux abords de Los Angeles, dans une région en manque cruel de pluies significatives depuis huit mois. Et ils sont survenus après deux années au contraire très pluvieuses qui avaient fait naître une végétation luxuriante, qui s’est ensuite desséchée lors de longs mois arides.
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« Chaleur humaine »
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« Nous sommes passés d’une période incroyablement humide à une période incroyablement sèche », a relevé John Abatzoglou, professeur de climatologie à l’université de Californie et coauteur de l’analyse, lors d’un point presse.
Les vents de Santa Ana ont par ailleurs atteint en janvier une intensité inédite depuis 2011, selon les météorologues, attisant les flammes des brasiers et rendant la tâche des pompiers quasiment impossible. « Il s’agissait d’un cocktail explosif en termes de conditions climatiques et météorologiques propices aux incendies », a conclu M. Abatzoglou.
Des risques d’incendies qui continuent d’augmenter
Concernant l’élément déclencheur, les enquêteurs étudient l’hypothèse qu’un accident électrique ait été à l’origine de l’incendie qui a ravagé Altadena (Eaton Fire), le deuxième plus destructeur de l’histoire de la Californie avec plus de 9 000 structures détruites. Aujourd’hui maîtrisé à 99 %, il a tué au moins dix-sept personnes.
L’incendie de Palisades a, lui, atteint, mardi, un taux de maîtrise de 95 % après avoir détruit plus de 6 800 structures et tué au moins douze personnes. Quant à l’incendie Hughes, qui s’est déclaré au nord de Los Angeles la semaine dernière et qui a provoqué des ordres ou des avertissements d’évacuation pour plus de 50 000 personnes, il est presque totalement maîtrisé.
Le World Weather Attribution, qui étudie les liens entre des phénomènes météorologiques extrêmes et le changement climatique, prévient que le risque d’incendies violents devrait continuer d’augmenter. « Ces conditions propices aux incendies augmenteront encore de 35 % si le réchauffement atteint les + 2,6 °C en 2100 » par rapport à l’ère préindustrielle, estiment ses experts. Le climat s’est déjà réchauffé d’environ 1,3 °C.
« Sans une transition plus rapide vers l’abandon des combustibles fossiles qui réchauffent la planète, la Californie continuera à devenir plus chaude, plus sèche et plus inflammable », alerte Clair Barnes.