Une cigarette s’allume dans la nuit, une flamme ardente et fragile flamboie dans les ténèbres, et s’éteint. Et tout est dit, déjà, de ce qui va se jouer ici avec ces Idoles, où la vie et la mort s’enlacent avec fureur, avec fièvre, avec douceur. Où la vie, sans doute, n’est jamais plus incandescente que quand la mort la guette. Christophe Honoré l’a créé en 2018, ce spectacle où il convoque les fantômes de ses chers disparus, artistes ou intellectuels morts du sida au début des années 1990. Il le reprend aujourd’hui au Théâtre de la Porte Saint-Martin, à Paris, et non seulement ces Idoles n’ont pas vieilli, mais la pièce a acquis une profondeur supplémentaire (entre-temps, une autre épidémie, celle de Covid-19, est passée par là), tout en gardant sa grâce et sa fantaisie.
Et c’est lui, Christophe Honoré, qui prend la parole, en voix off, tandis que se fait entendre l’introduction hypnotique de l’une des plus belles chansons des Doors, When the Music’s Over. « C’était l’époque où tous les artistes dont je tombais amoureux mouraient du sida », dit-il pour évoquer ces « jours étranges » où se sont noués, pour lui, la découverte de l’art et les ravages d’une épidémie qui fauchait en priorité des hommes encore jeunes, homosexuels. Au risque que la maladie soit vue comme un châtiment.
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