La tronçonneuse était factice. Un modèle réduit aux allures de vulgaire jouet en plastique. Mais elle a suffi à frapper les esprits. Mardi 21 janvier, alors que les sondeurs observent le désintérêt massif des Français pour la politique, Eric Ciotti emprunte les codes du burlesque pour faire parler de lui.
A la Maison de l’Amérique latine, à Paris, l’ancien président du parti Les Républicains (LR), qui a basculé dans le camp de l’extrême droite, brandit une tronçonneuse pour mimer les coupes franches qu’il rêve d’opérer dans l’Etat et ses missions : 600 milliards d’euros de baisse des dépenses publiques en cinq ans, disparition d’un tiers des agences de l’Etat, dont l’Office français de la biodiversité, l’Agence de la transition écologique, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique…
La scène ravit les médias, apportant une preuve supplémentaire de l’évaporation des frontières entre politique et divertissement. Mais le « happening » d’Eric Ciotti nous dit aussi que ce qui semblait impensable il y a encore six mois devient réalité : les méthodes brutales du président argentin, Javier Milei, maniant lors de sa campagne une tronçonneuse pour imager la réduction massive des dépenses publiques, inspirent une partie des responsables politiques français.
« Un vent souffle. Une révolution conservatrice et libérale va s’imposer », veut croire un conseiller d’Eric Ciotti. Paris n’est nullement comparable à Buenos Aires, dont le naufrage économique s’étire depuis un quart de siècle. Mais le dirigeant latino-américain, élu haut la main en novembre 2023, fait fantasmer une partie de la droite et de l’extrême droite, autant que le département de l’efficacité gouvernementale du milliardaire américain Elon Musk, en croisade contre la fonction publique et ses gabegies.
Faire maigrir la puissance publique
« J’en ai rêvé, Musk va le faire », écrit, dès novembre 2024, Valérie Pécresse sur X. La présidente (LR) de la région Ile-de-France, qui proposait en 2022, lors de sa campagne présidentielle, la création d’un « comité de la hache » pour sabrer dans la dépense publique, assume son admiration pour le libertarien, tout comme son homologue à la tête de la région Pays de la Loire, Christelle Morançais. La numéro deux du parti d’Edouard Philippe, Horizons, qui a imposé 100 millions d’euros d’économies budgétaires à sa région en ciblant la culture, trouve l’homme « génial » (c’était avant qu’Elon Musk lève son bras à la façon d’un salut nazi).
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