La Commission européenne a dévoilé, mercredi 29 janvier, une « boussole pour la compétitivité », sorte de feuille de route pour tenter de stopper le décrochage de l’économie des Vingt-Sept face aux Etats-Unis et à la Chine. Il s’agit d’apporter une réponse au diagnostic établi par le rapport de Mario Draghi et celui d’Enrico Letta, publiés il y a quelques mois, sur la panne de croissance et le déficit d’innovation que connaît le Vieux Continent depuis plus de vingt ans.
Bruxelles annonce une vingtaine de propositions législatives qui devront être débattues et adoptées par les Etats membres d’ici à 2027. Cet agenda comporte trois axes principaux : alléger la réglementation européenne, jugée trop contraignante pour les entreprises, stimuler l’innovation et le développement des nouvelles technologies et enfin diminuer la fragmentation des marchés stratégiques comme l’énergie, la défense ou la finance.
En clair, l’Union européenne (UE) cherche à passer d’un modèle basé sur la régulation à un modèle plus offensif, capable de garantir sa souveraineté.
L’Europe se fixe donc enfin un cap. Il ne lui reste plus qu’à se mettre en mouvement. Or, si les intentions sont bonnes, leur mise en œuvre n’a rien d’évident. La Commission affirme ainsi que simplifier n’est pas déréguler. La nuance est ténue et mérite d’être explicitée sur la façon d’alléger les procédures sans pour autant renoncer aux objectifs du pacte vert adopté par la précédente législature. Remettre cet ouvrage sur l’établi fait courir le risque de reculs significatifs, alors que les équilibres politiques au Parlement européen ont sensiblement évolué à l’issue des dernières élections européennes en faveur d’une remise en question de l’agenda climatique.
Sur la défensive
La Commission promet également de . Ce projet, lancé en 2014, vise à faire émerger un système financier européen plus intégré. Le but : réorienter l’épargne européenne pour renforcer les fonds propres des entreprises, afin de financer l’innovation et la transition écologique. Mais il reste à mettre en place un système de supervision unique et une fiscalité harmonisée, sans lesquels l’intégration restera inachevée.
La stratégie présentée montre que l’UE a saisi les enjeux. Reste la question de son financement. Le rapport Draghi avait évalué à 800 milliards d’euros par an les montants nécessaires pour mettre l’économie européenne sur de bons rails. Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, a exclu l’idée d’un financement en commun des Etats membres, dont l’Allemagne et les Pays-Bas ne veulent pas. Elle se contente d’évoquer un fond de compétitivité, qui pourrait voir le jour en 2028, dans le prochain budget communautaire, sans préciser son montant, ni la façon dont il pourrait être alimenté.
L’Europe se réveille enfin, mais son ambition reste à construire. L’exhortation à davantage de simplification tient davantage d’un mea culpa pour avoir trop réglementé dans le passé qu’à un véritable changement de culture. Malgré leur volontarisme, les Européens restent sur la défensive. A peine ont-ils commencé à réagir à la politique massive de subventions chinoises et américaines, qu’il faut maintenant trouver la parade à l’agressivité de Donald Trump. Dans un monde en mutation rapide et hostile, l’UE doit vite s’accorder sur un projet précis, retrouver le goût du risque et l’envie de réaliser des choses à vingt-sept. Une boussole donne une direction, mais ne garantit en rien d’arriver à bon port.