L’affaire a débuté par une visite dominicale au Brooklyn Museum, à New York, qui venait de raccrocher les tableaux dans les salles d’art américain. Des collections exposées sous le thème « Vers la joie. Nouveaux cadres pour l’art américain », à l’occasion du 200e anniversaire du musée. En pénétrant dans les salles, c’est la surprise. La galerie de portraits du XIXe siècle a été abaissée, non pas à hauteur de vue, mais plus bas. Explication donnée par le musée : face à cette « mer de visages blancs », il convenait, plutôt que de les « supprimer », de les descendre à hauteur de siège, pour engager un débat sur les « privilèges » des Blancs dans des « sociétés fondées sur les déplacements, le colonialisme et la mise en esclavage ».
Plus loin, une toile représentant les chutes du Niagara, peintes en 1866 par Louis Rémy Mignot, avant leur irrémédiable dénaturation par le béton et le tourisme de masse. L’œuvre est accompagnée d’un commentaire peu amène pour l’artiste, qui rappelle que « les peuples indigènes, auxquels cette région apportait des moyens de subsistance et pour lesquels elle avait une signification culturelle profonde, ont été déplacés en raison de l’arrivée des colons européens et des touristes comme Mignot ». Enfin, on découvre le portrait d’une famille de colons, dans lequel l’artiste initial avait, fait assez rare, aussi représenté un enfant noir. Le tableau fut corrigé ensuite par l’artiste afro-américain Titus Kaphar, né en 1976, qui fit disparaître les autres personnages (blancs) de la toile par un blanchiment laissant seulement voir leurs silhouettes.
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