Le Sniper 1000 est utilisé dans le traitement des infestations de nuisibles comme les punaises de lit.
Un insecticide pourtant interdit en France depuis dix ans.
Il peut provoquer des vomissements, des symptômes respiratoires, ou encore des troubles neurologiques.
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Le fléau des punaises de lit
« On ne propose que des produits certifiés et agréés », lance au téléphone Victor Krief, gérant du magasin antipestpro.fr. Ce spécialiste des nuisibles a l’habitude qu’on lui réclame d’autres produits, comme le Sniper 1000, un insecticide interdit en France, utilisé dans le traitement des infestations de nuisibles comme les punaises de lit. « On est confronté trois, quatre, ou huit fois dans la semaine à des clients qui rentrent avec la photo en nous présentant le produit Sniper », rapporte l’expert. « Les gens s’acharnent à l’acheter parce que cette molécule agit sur les vivants et sur les œufs », poursuit-il dans le reportage en tête de cet article.
L’insecticide, interdit en France depuis 2013, continue d’être vendu sur « des étals de marchés, sur des plateformes de commerce électronique ou par des particuliers, sur les réseaux sociaux », indique un communiqué des douanes et de la DGCCRF publié en octobre. Sur internet, il est possible d’en faire l’acquisition pour une dizaine d’euros, alors qu’un traitement professionnel est facturé entre 400 et 1000 euros.
Peut entraîner des symptômes respiratoires, oculaires et des troubles neurologiques
Dans une étude publiée en décembre 2023, les autorités sanitaires ont pourtant rappelé les risques que représente cette substance active de la famille des organophosphorés. Classée comme mortelle par inhalation et toxique par contact avec la peau ou par ingestion, elle est susceptible de provoquer des symptômes respiratoires, oculaires et des troubles neurologiques.
Les centres antipoison traitent une dizaine de cas d’intoxications par mois. « On met ces produits dans les environnements intérieurs des maisons et ils sont accessibles aux enfants. C’est là que ça peut être très grave », avertit Magali Oliva-Labadie, cheffe de service du centre antipoison du CHU de Bordeaux (Gironde). « Il y a trois ans, on a perdu deux enfants d’un an et demi, d’une même famille, qui avaient ingéré un produit qui avait été ramené de l’étranger », rappelle-t-elle dans le reportage de TF1 ci-dessus.
Les produits viennent essentiellement d’Afrique, où ils sont encore utilisés. Depuis le début de l’année 2024, plus de 2000 flacons de Sniper 1000 ont été saisis par les services douaniers, dans du fret et dans des bagages de voyageurs, à l’aéroport de Roissy et dans un bureau de dédouanement postal à Wissous (Essonne).
« Les gens peuvent connaître le fait que le produit est interdit. Certains disent effectivement qu’ils l’ont acheté à la sauvette dans un marché, mais malgré ça, ils essaient de trouver quelques chose qui va marcher, puisqu’au quotidien, c’est une vraie nuisance d’avoir ces punaises chez soi », constate Sandra Sinno-Tellier, adjointe à la directrice des alertes et des vigilances sanitaires à l’Anses.
« Si l’infestation persiste, il est recommandé de contacter un professionnel qualifié et référencé sur le site stop-punaises.gouv.fr. Enfin, si l’achat de produits biocides est nécessaire, opter pour les circuits de distributions conventionnels où des conseils en matière d’application ou de stockage des produits pourront être délivrés », précisent les autorités dans leur communiqué.