Le chef des conservateurs flamands, Bart De Wever, est devenu, lundi 3 février, le nouveau premier ministre belge avant de participer à sa première réunion de dirigeants de l’Union européenne (UE), une enceinte que la Belgique va faire pencher un peu plus à droite. Le dirigeant de 54 ans, qui a prêté serment devant le roi Philippe lundi matin avec ses 14 ministres − dix hommes et quatre femmes −, est le premier indépendantiste flamand à prendre la tête du gouvernement fédéral en Belgique.
Près de huit mois après les élections législatives, marquées par la victoire de sa formation (N-VA) en Flandre, il va ancrer le pays davantage à droite avec ses quatre partenaires de coalition, dont le parti libéral francophone (MR) devenu première force politique en Wallonie en détrônant les socialistes.
Bart De Wever a promis de durcir la politique de l’asile et les conditions d’obtention des aides sociales pour les exilés, renforcer la sécurité et la lutte contre le narcotrafic. Sur le plan socio-économique, sa coalition compte « récompenser le travail » en limitant à deux ans le droit aux allocations chômage. Dans la foulée de sa prestation chez le roi, M. De Wever avait son premier rendez-vous dès lundi avec ses homologues de l’UE pour une réunion consacrée à la défense européenne.
Son arrivée au « 16 rue de la Loi », le Downing Street de Bruxelles, lui a valu les félicitations de Marion Maréchal, l’ancienne alliée d’Eric Zemmour qui a souligné que les partis européens associés dans le groupe Conservateurs et réformistes européens (ECR, droite radicale) au Parlement européen comptaient désormais « trois premiers ministres à la table du Conseil européen », avec l’Italienne Giorgia Meloni et le Tchèque Petr Fiala. La N-VA de Bart De Wever a trois élus chez ECR.
Cinq mois et demi d’attente
Un accord de coalition à cinq avait été scellé vendredi soir, après une longue attente de sept mois et demi depuis les élections de juin 2024. Un compromis rendu compliqué par l’effort budgétaire et les importantes réformes socio-économiques à mener pour assainir les finances publiques.
Avec un déficit public attendu pour 2024 à 4,6 % du PIB, la Belgique est un des pires élèves de l’UE, et le gouvernement De Wever compte dégager 20 milliards d’euros pour rentrer progressivement dans les clous européens… en limitant les dépenses publiques dans de nombreux secteurs tout en relevant le budget de défense.
Loin des 2 % du PIB exigés pour tous les pays membres de l’OTAN, ce budget en Belgique avoisine les 1,3 %, et Theo Francken (N-VA), nouveau ministre de la défense, a déjà promis d’« arrêter de profiter des autres ».
Outre la N-VA − dont Bart De Wever abandonne la présidence −, la coalition réunit les chrétiens-démocrates (CD&V) et les socialistes flamands (Vooruit), ainsi que deux formations francophones, le Mouvement réformateur (MR, libéral) et Les Engagés (centre). Les cinq partis représentent 81 des 150 députés de la nouvelle Chambre élue le 9 juin.
Retour au pouvoir de l’Alliance néoflamande
Côté casting, son équipe ignore le principe de la parité, avec une forte majorité d’hommes. « Je suis surpris, c’est dommage », a réagi Bart De Wever, en rappelant que la désignation des ministres était la responsabilité des chefs des partis engagés dans la coalition.
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Le nouvel attelage succède à celui du libéral Alexander De Croo en place depuis octobre 2020. Il signe le retour au pouvoir de l’Alliance néoflamande, déjà associée à un gouvernement de centre droit entre 2014 et 2018. Outre Theo Francken, une autre figure de la N-VA de la période 2014-2018, l’ex-ministre de l’intérieur Jan Jambon fait son retour au gouvernement, chargé des finances.
Du côté des visages déjà présents dans le gouvernement sortant, le socialiste flamand Frank Vandenbroucke conserve le portefeuille de la santé, tandis qu’Annelies Verlinden (CD&V) passe à la justice en laissant l’intérieur au libéral francophone Bernard Quintin. Enfin le centriste francophone Maxime Prévot a été désigné chef de la diplomatie.