Lorsque le mouvement Femme, vie, liberté éclate, en septembre 2022, après la mort de Mahsa Amini en détention pour un voile « mal ajusté », Maryam Moghaddam et Behtash Sanaeeha sont alors en plein tournage de Mon gâteau préféré, à Téhéran, sans autorisation. Très vite, la contestation bouleverse leur projet. « Certains membres de notre équipe étaient dans la rue à manifester, d’autres ont été arrêtés et emprisonnés », raconte de Téhéran Behtash Sanaeeha, joint par téléphone. A chaque interruption du tournage, le constat s’impose : « Il fallait finir ce film, c’était notre soutien au mouvement », ajoute Maryam Moghaddam.
Le projet, lancé deux ans avant la mort de Mahsa Amini, suit une femme de 70 ans vivant seule à Téhéran et décidant de redécouvrir l’amour. Un sujet tabou sous un système politique où tout, même les aspects les plus ordinaires de la vie, est surveillé. Dans ce film, les réalisateurs du Pardon (2020) osent montrer des femmes sans voile, des scènes de danse, d’alcool, des discussions franches sur la religion et la politique. « Nous avions écrit ce scénario bien avant le soulèvement, mais l’envie de briser l’hypocrisie était déjà là », explique Behtash Sanaeeha. « Les films iraniens montrent des femmes qui dorment et se réveillent voilées. Nous avions honte de perpétuer ce mensonge », poursuit Maryam Moghaddam.
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