Un détail sortait de l’ordinaire, mercredi 5 février, chez les centaines de personnes amères et furieuses rassemblées au cœur de Washington. A deux pas du Capitole, elles protestaient contre le sabordage d’Usaid, la grande agence fédérale américaine chargée de l’aide humanitaire et du développement économique à l’étranger. Un sabordage organisé par le milliardaire Elon Musk, placé par Donald Trump à la tête du nouveau Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE). Ce détail disait beaucoup de l’épreuve inouïe vécue par les employés de l’Etat fédéral : beaucoup portaient un masque, par peur d’être identifiés.
Ce n’est pas le cas de Parrie Henderson, 63 ans. Pendant près de quatre décennies, elle a travaillé comme salariée ou contractuelle pour Usaid, dans des missions de formation. Le 27 janvier, elle assurait un cours sur le budget, en présence d’employés du Ghana et de Jordanie, lorsqu’on interrompit son propos. « On nous a dit d’arrêter de travailler sur-le-champ. Des gens étaient en larmes, ils comprenaient ce qui allait se passer. Deux jours plus tard, j’ai reçu un message m’informant de l’annulation de tous mes cours. »
Les arguments des républicains contre Usaid l’exaspèrent. Gabegie ? « L’agence passe chaque année un audit. Le Pentagone, lui, jamais. » Les programmes DEI (diversité, équité, inclusion), honnis par la droite ? « C’est ridicule. Quand on m’a rappelé à l’agence, pendant le Covid, on avait une classe de DEI, une heure par mois, consacré aux agressions sexuelles et aux violences faites aux femmes. C’était une formation fantastique. »
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