Le rappeur californien Kendrick Lamar, 37 ans, se produira à la mi-temps du Super Bowl dimanche soir.
Un événement d’autant plus attendu qu’il se déroulera en présence de Donald Trump, que l’artiste déteste.
Son enfance modeste, ses récompenses en pagaille, son clash avec Drake… TF1Info dresse le portrait d’un phénomène.
Si Kendrick Lamar a été engagé pour faire le spectacle à la mi-temps du Super Bowl 2025, le plus grand rappeur de sa génération n’entend pas trahir ses valeurs. « J’ai toujours été clair sur le fait de raconter des histoires, c’est mon répertoire et l’histoire de ma musique. J’aime faire en sorte que les gens écoutent, mais aussi qu’ils réfléchissent », a-t-il déclaré jeudi soir devant la presse, à trois jours de son concert dans l’enceinte du Caesars Superdome de La Nouvelle-Orléans.
Hasard du calendrier, il intervient dans la foulée de son triomphe lors de la 67ᵉ cérémonie des Grammy Awards. Et dans un contexte explosif puisque le président Donald Trump, qu’il déteste cordialement, a décidé d’assister au match entre les Kansas City Chiefs et les Philadelphia Eagles. Si vous ne connaissez pas (encore) le génial auteur de « Swimming Pools », « Alright » et autre « Not Like Us », TF1info vous propose une petite mise à jour…
Il a grandi dans la misère et la violence
Kendrick Lamar Duckworth a grandi dans le quartier populaire de Compton, à Los Angeles, gangréné par la misère et la violence. À l’âge de cinq ans, il est témoin du meurtre d’un jeune dealer alors qu’il joue devant le logement social qu’il occupe avec ses parents, une expérience qui le marque à vie. « Le mec vendait de la drogue lorsqu’un type a sorti son flingue et lui a fait exploser la poitrine », racontera-t-il à la radio NPR. « Ce jour-là, j’ai compris que c’était peut-être un truc auquel j’allais devoir m’habituer. »
Alors que son père faisait partie d’un gang, le futur rappeur s’en est toujours éloigné, contrairement à pas mal de ses copains d’enfance qui ont mal tourné. La mort de l’un d’entre eux, quelques années plus tard, le poussera à se convertir au christianisme. Ce n’est donc pas un hasard si sa spiritualité et son rejet du bling-bling, autant qu’une conscience aiguë des problèmes sociaux de l’Amérique, font aujourd’hui le sel et la beauté de tous ses textes.
Il collectionne les Grammy Awards
Grâce à son flow acrobatique, ses paroles incisives et ses productions sophistiquées, Kendrick Lamar fait l’unanimité depuis Section.80, son premier opus en 2011. Le deuxième, Good Kid, M.A.A.D. City, inspiré par sa jeunesse à Compton, fait littéralement décoller sa carrière l’année suivante. Vendu à plus de 3 millions d’exemplaires aux États-Unis, il reçoit sept nominations aux Grammy Awards, mais rentre bredouille.
En 2015, il débloque son compteur en remportant deux trophées pour « I », l’un des tubes du fabuleux To Pimp a Butterfly, sacré meilleur album rap l’année suivante. Depuis, c’est l’avalanche. Avec cinq trophées supplémentaires dimanche dernier, dont celui de la chanson de l’année pour « Not Like Us », il en possède désormais 22 sur sa cheminée. Ce qui le place à seulement deux unités de Jay-Z et Kanye West.
Il a décroché un prix Pulitzer
Si son armoire à trophées est déjà bien remplie, Kendrick Lamar est le seul rappeur à avoir reçu un prix Pulitzer. Créée en 1917, cette célèbre récompense distingue le meilleur du journalisme et des arts Outre-Atlantique. Élargie à la musique en 1943, elle n’avait jusqu’ici été attribuée qu’à des artistes de musique classique jusqu’au sacre en 1997 du jazzman Wynton Marsalis.
C’est grâce à l’album DAMN que l’enfant de Compton est distingué en 2018. La direction du Pulitzer salue à l’époque « une collection de morceaux plein de virtuosité, unifiée par l’authenticité de sa langue et une dynamique rythmique qui proposent des photos marquantes, capturant la complexité de la vie moderne des Afro-Américains ». Philosophe, Kendrick assure que ce prix le motive pour faire encore mieux « car si je me dis que j’ai atteint l’apogée de ma carrière à 30 ans, je vais déprimer. »
Il a déclaré la guerre à Drake
Dimanche dernier, Kendrick Lamar a reçu le Grammy de la chanson de l’année pour « Not Like Us », une charge acerbe dans laquelle il règle ses comptes avec le Canadien Drake. Depuis 2013, les deux hommes s’opposent souvent de manière subtile par rimes interposées, pour le plus grand bonheur de leurs fans respectifs. Mais ces derniers mois, ce clash d’ores-et-déjà légendaire semble avoir définitivement tourné à l’avantage du Californien avec cette pépite qui a battu des records d’écoute sur les plateformes de streaming.
« Dis Drake, j’entends dire que tu les préfères jeunes », lance-t-il plus affuté que jamais, accusant son rival de faire partie des « pédophiles certifiés », en référence à son album Certified Lover Boy et des rumeurs persistantes de relations avec des jeunes filles mineures. L’affaire a pris une tournure judiciaire puisque Drake a déposé plainte pour diffamation. Lors des Grammys, les organisateurs ont visiblement pris fait et cause pour Kendrick Lamar puisque les paroles litigieuses ont résonné à chaque fois qu’il montait sur scène. Rebelote dimanche à La Nouvelle-Orléans ?
Il ne porte pas Trump dans son cœur
Dès le début de sa carrière, Kendrick Lamar a affiché son soutien sans faille à Barack Obama pour lequel il a chanté à la Maison Blanche. En 2015, son tube « Alright » résonne durant les manifestations du mouvement Black Lives Matter contre les violences policières. L’année suivante, il est entonné par la foule lors d’un rassemblement contre le candidat républicain à Chicago. En vain. Dans une interview accordée en 2017 à ID, le rappeur décrit le président élu comme « un cinglé total » qui fait « grandir le feu en moi ».
Durant son concert au festival britannique de Glastonbury en 2022, il profite d’une audience inédite pour dénoncer, couronne d’épine sur le crâne, l’annulation sous le premier mandat de Donald Trump de l’arrêt Roe v. Wade qui protégeait le droit à l’avortement. Lorsqu’il a accepté de faire le show à la mi-temps du Super Bowl, le rappeur ne savait pas encore que l’homme d’affaires serait réélu. Encore moins qu’il déciderait d’assister à l’événement. En profitera-t-il pour réaliser un coup d’éclat historique ?