Libéré, l’Américain Marc Fogel est en route pour les États-Unis.
C’est un émissaire de Donald Trump qui a obtenu cette libération attendue depuis plus de trois ans.
Une victoire politique pour le président américain, qui en avait fait un symbole, mais dont on ignore les contreparties.
L’Américain Marc Fogel, 63 ans, qui était détenu en Russie depuis 2021, a été libéré et sera de retour aux États-Unis « en soirée », a annoncé ce mardi 11 février 2025 la Maison-Blanche, y voyant un bon augure pour un futur accord pour mettre fin au conflit en Ukraine.
« La Russie nous a très bien traités », a estimé Donald Trump devant les journalistes à la Maison-Blanche, sans donner plus de détails sur les termes de l’échange. « J’espère que c’est le début d’une relation où nous pourrons mettre fin à cette guerre », a lancé le président américain.
pic.twitter.com/LytCY1nyEm — Mike Waltz (@MikeWaltz47) February 11, 2025
C’est l’émissaire spécial de Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff qui ramènera avec lui Marc Fogel dans son jet privé, avait précisé la Maison-Blanche, quelques heures plus tôt, en rendant publique cette mission jusqu’ici secrète.
Il avait assuré que la marijuana était médicale
Marc Fogel avait été condamné en juin 2022 par un tribunal de Moscou à 14 ans de prison pour « trafic de cannabis ». Il avait été arrêté en août 2021 par les agents des douanes alors qu’il arrivait de New York à l’aéroport Cheremetievo de Moscou avec sa femme, porteur d’une quantité totale de 17 grammes de drogue.
L’ancien diplomate, qui travaillait comme enseignant dans une école américaine à Moscou depuis 2012, avait assuré que la marijuana était médicale et qu’elle lui a été prescrite aux États-Unis après une opération à la colonne vertébrale. La Russie ne reconnaît pas cet usage médicinal, ce qu’il avait affirmé ignorer. D’abord détenu à Moscou, l’Américain avait été transféré en octobre 2022 dans une colonie pénitentiaire russe, où il devait purger le reste de sa peine.
Un statut de « détenu à tort » qui n’avait pas été accordé
Marc Fogel n’a pourtant pas été libéré au cours des échanges de prisonniers américains et russes qui ont eu lieu depuis son arrestation. La basketteuse Brittney Griner (nouvelle fenêtre), arrêtée quelques mois après lui, en février 2022, pour détention de recharges de vapotage contenant du cannabis, a aussitôt été indexée par la Maison-Blanche sous le statut de « détenu à tort » (« wrongfully denied »), qui la plaçait mécaniquement en tête de la liste des possibles échanges de prisonniers entre Washington et Moscou. Elle a été effectivement libérée au mois de décembre suivant, alors que le trafiquant d’armes russes Viktor Bout effectuait le voyage inverse. Ce ne fut pas le cas pour Fogel, auquel la Maison-Blanche a rechigné jusqu’à la toute fin du mandat de Joe Biden, en décembre dernier, d’accorder le statut de « détenu à tort ».
La cause invoquée était celle de la quantité de drogue effectivement saisie sur l’enseignant américain, avance le New York Times (nouvelle fenêtre). On peut se souvenir aussi que l’ancien président américain avait été vertement critiqué pour la libération du sulfureux ressortissant russe.
Un symbole et une victoire pour le camp républicain
En août 2024, on a pu assister au plus grand échange de prisonniers entre Russes et Occidentaux depuis la Guerre froide, avec notamment la libération par Moscou du reporter américain Evan Gershkovich, de la journaliste russo-américaine Alsu Kurmasheva et de l’ancien Marine Paul Whelan. Mais Marc Fogel ne faisait toujours pas partie de l’accord.
La famille de l’enseignant américain, dont la mère est une partisane convaincue de Donald Trump, s’est tournée vers celui qui était alors candidat, pour faire pression pour sa libération. Marc Fogel est depuis devenu un symbole pour le camp républicain, et sa libération, obtenue moins d’un mois après l’investiture de Trump, résonne comme une victoire. Les avocats de la famille ont d’ailleurs aussitôt encensé le nouveau président américain. « Après des années d’inaction bureaucratique (…), le président Trump a assuré la libération de Marc en quelques semaines seulement », ont-ils déclaré dans un communiqué, « ne perdant aucun temps pour prendre des mesures décisives pour ramener Marc à la maison ».
Reste que cette efficacité, que le camp républicain interprète comme une victoire, pourrait avoir un prix. Si on ignore encore qui a été échangé contre Marc Fogel, on peut redouter aussi, du côté de Kiev, que ce rapprochement manifeste avec Moscou annonce une partialité américaine dans d’éventuelles négociations de paix entre Russes et Ukrainiens. La mission secrète de Steve Witkoff à Moscou, qui ramène Marc Fogel avec lui, est d’ailleurs interprétée par une partie de la presse américaine comme le signe que la connexion entre Moscou et Washington est en voie de se rétablir. Donald Trump ne dit pas autre chose, mais la teneur de cette relation est encore inconnue.