Près de 150 membres de la mafia ont été arrêtés ce mardi 11 février en Italie.
Ils sont notamment soupçonnés de tentative d’homicide et de trafic de drogue.
La Cosa Nostra continue à contrôler une grande partie de la Sicile.
Selon les médias italiens, une opération d’une telle envergure n’avait pas été menée depuis 40 ans. Les carabiniers italiens ont arrêté ce mardi 11 février, à l’aube, 147 membres de la mafia de Palerme, afin de démanteler les clans tenant toujours sous leur coupe la capitale sicilienne.
Le dernier coup de filet comparable datait de septembre 1984, lorsque 366 mandats d’arrêt avaient été lancés contre des mafieux et des hommes d’affaires complices, après les révélations du repenti Tommaso Buscetta. Ces arrestations avaient abouti au maxi-procès de 1986, qui s’était conclu par 346 condamnations, dont 19 réclusions à la perpétuité.
Un « contrôle constant » du territoire
Les suspects, arrêtés cette fois-ci à l’issue d’une enquête de deux ans, sont accusés, entre autres, de tentative d’homicide, association mafieuse, racket, paris clandestins en ligne et trafic de drogue. La Première ministre d’extrême droite Giorgia Meloni a salué « un coup très dur porté à Cosa Nostra ». « La lutte contre la mafia ne cesse pas et ne cessera jamais », a-t-elle promis.
« L’opération, qui a également concerné d’autres villes italiennes, est destinée à démanteler les clans mafieux à Palerme et ses environs », affirme le communiqué des carabiniers. Cosa Nostra, le nom donné à la mafia sicilienne, « continue à maintenir son emprise » grâce à son ancrage dans le territoire, « sur lequel elle exerce un contrôle constant ».
Elle continue notamment d’imposer le « pizzo », une sorte d’impôt mafieux, aux commerçants contraints de s’approvisionner auprès de certains fournisseurs à des prix décidés par Cosa Nostra. Parmi ses activités les plus rémunératrices, figure le trafic de drogue, réalisé en collaboration avec les autres clans siciliens et la ‘Ndrangheta, la mafia calabraise, qui lui fournit d’« énormes quantités de stupéfiants ».
Téléphones cryptés, armes à feu…
Quelque 1.200 membres des forces de l’ordre ont été mobilisés pour cette opération coordonnée par le parquet de Palerme, ont précisé les carabiniers, soulignant que l’enquête avait « démontré à quel point Cosa Nostra est une association criminelle bien vivante et adaptée à son époque ». Ses membres ont ainsi recours aux moyens de communication les plus modernes pour échapper aux enquêteurs, notamment « l’utilisation systématique de téléphones portables cryptés permettant des communications sécurisées, y compris en groupe, et limitant au minimum la nécessité de rencontres physiques traditionnelles ».
Ce système de communication « a rendu possible le dialogue constant et discret entre les trafiquants de drogues mais aussi entre les différents clans », dont les chefs « tendent à résoudre de manière pacifique leurs conflits en maintenant un profil bas pour éviter d’attirer l’attention de la police ». Disposant d’un nombre conséquents d’hommes de main et d’armes à feu, l’organisation n’hésite cependant pas à recourir à la force pour se faire respecter et punir ceux qui refusent de lui obéir. Certains boss mafieux incarcérés bénéficiaient eux aussi de portables cryptés leur permettant de transmettre leurs ordres à l’extérieur et de gérer leurs divers trafics.
En dépit des coups de boutoir des forces de l’ordre et de la justice, qui ont conduit en prison nombre de mafieux et chefs de clan, la mafia sicilienne « continue d’exercer un pouvoir d’attraction sur un nombre conséquent de jeunes qui en adoptent les principes et se mettent à disposition pour s’attirer les faveurs de ses chefs ».
Cosa Nostra est l’une des branches du crime organisé dans la péninsule, aux côtés notamment de la mafia napolitaine, la Camorra, et de la mafia calabraise, qui est la plus puissante. Nées dans le sud, ces organisations irriguent toute la péninsule et mènent leurs opérations également à l’international, de l’Europe jusqu’aux Amériques. Les mafias italiennes brassent des milliards d’euros dans des activités aussi diverses que le tourisme et la fraude à la TVA, sans oublier leurs activités plus traditionnelles comme le trafic de drogue.